Yopougon-Gesco, conditions de vie déplorables des travailleurs

26 mars 2021

CÔTE D’IVOIRE

Yopougon-Gesco est un quartier situé à l’entrée d’Abidjan sur l’autoroute du nord. Il est majoritairement habité par des ouvriers (ceux de la zone industrielle, ceux du bâtiment, des chauffeurs, etc.).

Dans ce grand quartier, les conditions de vie sont très pénibles. Il est très difficile d’accès, il n’y a pas de caniveaux et les voies sont pleines d’eau sale. Quand il pleut, cela devient infernal. Pour évacuer les malades et les femmes enceintes à l’hôpital, il faut parfois utiliser des brouettes avant de se faire relayer par un véhicule. En cas d’incendie, il est très difficile pour les pompiers d’intervenir. D’ailleurs plusieurs maisons partent très souvent en fumée sans intervention des pompiers.

Il y a aussi le problème d’eau portable. Déjà, il est très difficile d’avoir un compteur d’eau mais même les quelques uns qui en ont, passent parfois des jours sans qu’une goutte d’eau ne tombe du robinet. Par le passé, les gens allaient chercher l’eau à la rivière ou au puits dans la forêt du banco ou bien dans les quartiers environnants. Maintenant, quelques individus ont creusé des puits traditionnels ou bien ont procédé à des forages un peu plus modernes et installé des motopompes. Ils stockent l’eau dans des fûts sans aucun traitement et la vendent le mètre cube (1000 litres) au prix de 2.000 à 2.500f (3,82 euros) tandis que celui du bidon de 20 ou 25 litres est à 50f. Vu que cela rapporte de l’argent, ces derniers ont commencé à fonctionner un peu comme la SODECI. Ils approvisionnent tout le quartier en installant de gros tuyaux souterrains, placent des compteurs à chaque porte (l’installation du compteur est au frais des clients). Le mètre cube d’eau est vendu à 1000f (1,53 euro), facture à payer chaque mois. C’est ainsi que les gens arrivent à avoir de l’eau chez eux sans trop de difficultés, mais c’est cher par rapport à la SODECI qui vend le mètre cube à environ 275f (0,42 euro). Ce qui est inquiétant c’est que les fûts ne sont jamais nettoyés, l’eau n’est pas traitée et aucune étude sur sa qualité n’a été effectuée. Ils se contentent de la vendre sans se préoccuper des répercussions sur la santé des consommateurs.

En ce qui concerne l’électrification, c’est aussi un calvaire dans certains sous-quartiers de Gesco. Le délestage y est très fréquent. La CIE se contente d’installer quelques poteaux électriques sur certaines grandes voies, les compteurs sont posés dans un rayon d’environ 25m au maximum du poteau électrique. De là, chacun tire le courant jusqu’à son domicile. Du coup, on voit des câbles électriques trainer partout et n’importe comment, parfois à hauteur d’homme et même sur le sol. Certains font même passer des câbles dans des caniveaux sous l’autoroute pour relier leurs domiciles. Toutes ces installations anarchiques constituent un danger permanent pour les habitants de ces quartiers.

Les autorités gouvernementales et municipales ferment les yeux sur ce qui se passe dans ce quartier comme dans bien d’autres quartiers défavorisés car les conditions de vie des pauvres ne les préoccupent pas.