Une rentrée scolaire problématique pour les classes populaires
MALI-SÉNÉGAL
Chaque année la rentrée scolaire est une épreuve financièrement difficile pour les familles des classes populaires car les dépenses sont nombreuses : frais d’inscriptions, fournitures et uniformes scolaires, etc. Mais cette année-ci, les difficultés sont encore plus grandes car la rentrée vient tout juste après la fête de la Tabaski qui a déjà occasionné des dépenses, sans compter la flambée des prix des denrées alimentaires qui accompagne cette fête.
Dans les textes de loi, l’école est obligatoire et gratuite mais dans la réalité c’est tout autre chose. Les travailleurs sont obligés de s’endetter auprès des commerçants pour que leurs enfants puissent aller à l’école car ils ne peuvent pas compter sur les aides de l’État. Le nombre de ceux qui parviennent à obtenir une bourse pour leurs progénitures est insignifiant par rapport à ceux qui n’obtiennent aucune aide. Les enfants des pauvres partent souvent à l’école le ventre vide et ne mangent qu’à leur retour à la maison. Ils sont contraints de se débrouiller comme ils peuvent pour obtenir quelques pièces en cirant les chaussures des passants ou en transportant des paniers dans les marchés.
Dans ces conditions, la scolarité des enfants des pauvres est vouée à l’échec, d’autant plus que même quand les parents se serrent la ceinture pour assurer un minimum d’éducation à leurs enfants, l’État est complètement défaillant pour assurer le bon fonctionnement de l’école publique. Les salles de classes sont surchargées, les enseignants manquent de matériel pédagogique, ils sont mal payés, mal logés et parfois ne perçoivent leurs maigres salaires qu’avec beaucoup de retard. Ils se battent pour enseigner dans de meilleures conditions mais ils n’obtiennent que des réponses méprisantes de la part des dirigeants au pouvoir. Et quand ils se mettent en grève, le gouvernement les accuse de saboter l’année scolaire en les opposant aux parents d’élèves. Mais les saboteurs de l’enseignement public ce sont en premier lieu nos propres dirigeants politiques car ils sont là avant tout pour se remplir les poches en siphonnant les caisses de l’État. Eux et les classes possédantes dont ils sont les serviteurs, n’envoient pas leurs enfants dans les écoles publiques. Ils ont les moyens de les envoyer dans des écoles privées de luxe, voire dans les grandes écoles des pays riches.
Les travailleurs ne peuvent rien attendre de bon à attendre de ceux qui sont au pouvoir, ni dans le domaine de la scolarité, ni dans celle de la santé et de l’hygiène publique, des logements sociaux, ni dans d’autres secteurs utiles à la population. Ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, sur leur force collective pour obtenir des améliorations de leurs conditions d’existence. Mais pour que cette force collective puisse s’exprimer consciemment et efficacement, cela nécessite l’existence d’une organisation politique propre aux travailleurs, une organisation qui se donne comme tache de combattre toute forme d’injustice sociale et toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme.