Une population victime du pillage et de l’exploitation capitaliste
SIERRA LÉONE
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À l’appel des autorités sanitaires du pays, les forces de l’ordre ont violemment dispersé la population pauvre qui tentait de récupérer dans la décharge publique de Freetown, une cargaison de poulets impropres à la consommation. Plusieurs conteneurs de ces poulets importés du Brésil, avaient séjourné dans le port de la capitale, sans système de réfrigération.
Les lancées de grenades incapacitantes et les tirs à balles de caoutchouc n’ont pas eu facilement raison de l’acharnement des affamés à déterrer à mains nues ou à la pelle les carcasses de volailles enfouies dans la décharge. Une quarantaine de personnes ont été arrêtées.
Ce genre de situation n’est malheureusement pas une exception en Afrique. Même en temps « normal », les déchetteries sont assaillies par de nombreuses personnes démunies qui n’ont pas d’autre choix que celui d’y glaner des objets à recycler après lavage et réparation. Beaucoup de gens, y compris des enfants se blessent dans ces endroits et véhiculent des maladies infectieuses.
Cette situation est due à la condition misérable dans laquelle survit la majorité de la population. Pour le cas du Sierra Leone, le sous-sol regorge de diamants. La société Koidu Limited qui exploite les mines de ces pierres précieuses se moque des conditions qu’elle fait subir aux mineurs. Ceux-ci ne restent pas les bras croisés et engagent parfois des luttes pour améliorer leur sort. Avec la complicité de l’appareil d’Etat, des villages se trouvant sur des régions diamantifères, sont déplacés et des cours d’eau dégradés et pollués par l’extraction. Cela ne favorise pas l’essor de l’agriculture dans ce pays qui vient tout juste de se remettre de l’épidémie d’Ébola qui a gravement désorganisé les conditions de vie.
Une minorité tire cependant son épingle du jeu, mais au lieu d’améliorer le sort de la population, la mainmise des capitalistes et des trafiquants de toutes sortes sur les richesses du sous-sol est synonyme de calamité pour la majorité.
Des conditions de travail infernales pour les travailleurs des mines et des poulets avariés pour la majorité, voilà la réalité quotidienne ordinaire dans ce pays pauvre d’Afrique