Éditorial

Un personnel politique minable… à l’image de la bourgeoisie dont il sert les intérêts

05 novembre 2018

CÔTE D’IVOIRE

Les élections municipales et régionales sont terminées. Le bilan humain s’élève à cinq ou six morts. Au total il y a eu moins de 2 millions de votants pour moins de 4,5 millions d’inscrits. Le Rhdp de Ouattara sort grand vainqueur. Les « indépendants » sont en seconde position et en troisième le Pdci de Bédié, affaibli par la défaillance d’un certain nombre de ses hauts cadres attirés par les carottes tendues à eux par Ouattara.

Certains candidats n’ont pas lésiné sur les moyens et ont dépensé jusqu’à plusieurs milliards de francs pour acheter des votes. C’est le cas, par exemple, de l’actuel ministre de la Défense qui s’est fait élire à Abobo, une des communes les plus pauvres d’Abidjan. Ce milliardaire est trop riche pour habiter cette commune trop sujette à des coupures d’eau et d’électricité, où la voirie et le système d’assainissement sont dans un état lamentable, où l’insécurité est grande à cause de la misère, etc.

Pour lui qui ne cache pas ses ambitions de grimper plus haut, l’enjeu de cette élection était tout autre que la simple gestion municipale. Être à la tête d’Abobo (une des plus importantes communes en nombre d’habitants de tout le pays) est un atout de taille en perspective de l’élection présidentielle de 2020. Il pourra monnayer plus chèrement son soutien à son mentor actuellement au pouvoir et pourquoi pas, envisager peut-être de devenir calife à la place du calife si l’occasion se présente.

Derrière la bataille de chiffonniers qui a émaillé la campagne électorale, l’enjeu était avant tout d’ordre financier pour les principaux candidats en lice. D’ailleurs, à peine les élections terminées, les enchères ont aussitôt commencé entre le Pdci et le Rhdp pour l’achat des « indépendants » qui contrôlent 6 conseils régionaux et 56 conseils municipaux. Selon les bruits qui circulent, une enveloppe de 100 millions est proposée de main en main à ceux qui accepteraient de rejoindre l’un des deux camps. À ce jeu-là, le parti actuellement au pouvoir, le Rhdp, pour ne pas dire le Rdr, dispose d’un coup d’avance et de ressources bien plus importantes que ses concurrents.

C’est ainsi que, par exemple, cet élu du Conseil régional de l’Indénié-Djuablin, la région d’Abengourou, a dit à haute voix et sans complexe : « Bye bye au Pdci… j’offre ma victoire au Rhdp ». Autrement dit, il va là où la mangeoire est plus alléchante aujourd’hui. À Adiaké, c’est à une coalition Pdci-Fpi qu’on a assistée.

La classe politique de ce pays est gangrénée par la « mangécratie » comme le disait un célèbre chanteur, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Elle est pourrie comme la société capitaliste où tout s’achète et tout se vend.