Un nouveau camp pour les réfugiés de calais :encore une solution provisoire

01 février 2016

Immigration

Ces derniers jours, les dirigeants de Médecins Sans Frontière (MSF) et la mairie de Grande-Synthe, proche de la ville de Dunkerque, se sont associés pour la construction d’un futur camp humanitaire. En fait c’est MSF qui a bousculé les autorités pour trouver une solution rapide à l’approche de l’hiver. Dans la région proche, des milliers de réfugiés vivent dans des conditions inhumaines, sous des tentes de fortune dans la forêt environnante, près d’une décharge d’ordures.

Ce futur camp d’hébergement n’est vraiment pas à la hauteur d’un pays comme la France, l’une des grandes puissances du monde. On va planter 500 tentes sur une surface enclavée d’un côté par l’autoroute A16, et de l’autre par une ligne de chemin de fer. De chaque côté, il est prévu des protections normalement infranchissables. Là doivent vivre au maximum 3000 migrants alors que dans la région on parle de 6000 personnes.

Les migrants ont tous connu des moments très difficiles pour arriver en France. Ils viennent dans cette région proche de l’Eurotunnel pour embarquer dans les trains ou les camions qui vont vers l’Angleterre. Originaires de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, d’Érythrée, du Soudan, de Somalie ou d’Éthiopie, ils veulent tous rejoindre des parents, des amis en Angleterre. Les autorités françaises et britanniques ont bloqué les passages en mobilisant la police et parfois même, l’armée.

L’afflux des réfugiés a démarré en 1995. En 1999, le camp de Sangatte a été ouvert par la Croix-Rouge pour accueillir les migrants et les aider matériellement et administrativement. En 2002 il y a eu entre 60.000 et 70.000 personnes qui auraient transité par le camp de Sangatte. En novembre 2002, le ministre de l’Intérieur Sarkozy a ordonné le démantèlement de ce camp, évidemment avec une forte intervention de la police. C’était absolument révoltant. Les migrants se sont éparpillés dans « la jungle de Calais ». Et depuis cette date ils ont été périodiquement chassés, mais reviennent systématiquement. En 2009, sous prétexte d’insécurité et d’insalubrité dans la région, le camp a été détruit au bulldozer et la police a procédé à l’arrestation de plus de 190 migrants. Cela ne les a pas découragés. Ils se sont installés plus loin dans cette zone insalubre.

Depuis 2014, la crise en Syrie a fait affluer dans la « jungle » de nouveaux arrivants. Tout cela ne fait qu’empirer la situation sanitaire. Vivre dans cet endroit sans sanitaire proche, sans protection pour les enfants et les femmes, a entrainé des maladies comme la gale, l’apparition de la prostitution, bref la détérioration de la santé morale et physique des migrants. C’est ainsi qu’en novembre 2015, Médecins du monde et le Secours catholique ont attaqué en justice le pouvoir public au tribunal administratif de Lille pour son inaction. Certes il y a eu l’installation de latrines et de points d’eau, le ramassage des ordures et l’accès aux services d’urgence. Mais la décision du tribunal n’a pas mis fin à la situation révoltante subie par des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants dans la « jungle » de Calais, ni à la politique indigne du gouvernement à l’origine de la situation.