Un conflit territorial pour détourner la colère des populations victimes de la crise économique

25 janvier 2021

ÉTHIOPIE-SOUDAN

Depuis le mois de novembre 2020, le gouvernement d’Abiy Ahmed était en butte aux dirigeants du Tigré. Ceux-là ne reconnaissent ni Abiy comme chef d’État ni le parlement du pays. Du coup les dirigeants éthiopiens ont déclenché la guerre pour les soumettre.

La guerre contre le Tigré, loin d’être apaisée, a permis au Soudan de profiter de l’affaiblissement de l’État éthiopien pour envahir le triangle Al -Fashaga. Cette région d’Éthiopie, à la frontière du Soudan, couvre 250 km2 de terre très fertile. Le roi Ménélik l’avait conquise en agrandissant l’Éthiopie vers le sud et l’ouest en 1903. Un accord avait été conclu à l’époque entre le Soudan et l’Égypte, avec traçage de la frontière. Mais depuis cette époque, le Soudan considère que le triangle Al -Fashaga fait partie de son territoire.

En profitant de la faiblesse actuelle du gouvernement éthiopien, le Soudan a envoyé son armée pour occuper cette région qu’il convoite depuis longtemps. D’une certaine façon les dirigeants soudanais ont bénéficié de l’appui de l’Egypte ainsi que de celui des puissances occidentales : ces dernières ont en effet suspendu le versement de 90 millions d’Euros prévus pour l’aide au développement de l’Ethiopie. Le remplissage du barrage de la Renaissance a été interrompu sous la pression des états que traverse le Nil. Pour l’instant ceux qui souffrent le plus sont les populations pauvres qui vivent de chaque côté de la frontière, en particulier des dizaines de milliers de réfugiés ayant fui la guerre au Tigré.