Un caillou dans la chaussure d’Assimi Goïta
Mali
Assimi Goïta, le nouveau dictateur installé à Bamako depuis le putsch du 18 août 2020, veut jouer au démocrate. Il a besoin d’une nouvelle constitution qui lui donnerait la possibilité de prolonger son pouvoir « légalement » et de ne plus être appelé « président de la Transition » mais président tout court. En fait, il n’y a rien d’original dans cette démarche puisque deux galonnés arrivés par un coup d’État avant lui (Moussa Traoré puis Amadou Toumani Touré) ont procédé de la même façon.
Le référendum pour adopter cette énième constitution taillée sur mesure, devrait avoir lieu le 18 juin prochain mais cela ne se passe pas comme l’aurait souhaité l’actuel locataire du palais de Koulouba (le nom de la colline où a été construit le palais présidentiel, à Bamako). Le mot « laïcité » figurant dans le projet de Goïta donne des boutons aux imams et à une vingtaine d’associations qui s’alignent derrière eux. À l’image de l’imam Dicko, tête de file de la contestation et partisan d’une république islamique, ces associations sont vent debout contre ce texte et exigent que le concept de laïcité soit rayé définitivement. Tous ces gens-là s’apprêtent donc à faire barrage au projet d’Assimi Goïta s’il est maintenu tel quel.
Assimi Goïta croyait peut-être que son référendum allait passer comme une simple formalité. Là, il est devant un choix : accepter de faire une petite concession aux imams et aux mouvements islamistes ou bien les faire plier par la force militaire. Mais s’il fait le choix d’utiliser la force, aura-t-il le soutien de l’armée pour aller à l’encontre des imams ? On verra.
En tout cas, les travailleurs et les petits paysans n’ont aucun intérêt à soutenir l’un des deux camps. L’armée, qu’elle soit dirigée par Assimi Goïta ou par un autre, est et sera toujours un instrument de domination et d’oppression contre les travailleurs et les populations pauvres. Quant aux imams, ce qu’ils veulent instaurer c’est une dictature tout aussi féroce que celle des militaires, mais basée sur des concepts moyenâgeux et profondément réactionnaires comme ceux des ayatollahs en Iran. Ils veulent une société où les femmes seront soumises et n’auront le droit que de procréer. Les deux camps sont des ennemis des travailleurs et de ceux qui veulent un monde sans exploitation et sans oppression.