Tournée présidentielle et promesses

11 février 2019

Madagascar

Aussitôt élu président, Andry Rajoelina est parti en tournée à travers le pays. Dans le sud, là où les gens souffrent le plus de la sècheresse il promet de faire creuser 200 puits car « l’eau est source de vie ». Il a même évoqué la nécessité de construire un pipeline dans la région de l’Androy. A ceux qui ont faim, c’est-à-dire l’écrasante majorité de la population, il affirme que d’ici 5 ans le pays parviendra à l’autosuffisance alimentaire et qu’en attendant, il faudra se contenter de consommer « le riz à bas prix » qui arrivera sur le marché. Que de bonnes paroles… Ce « riz à bas prix » a existé dans le passé lorsqu’il était à la tête du pays. C’était une denrée de tellement mauvaise qualité que beaucoup de gens sont tombés malades en le consommant.

A titre de rappel, Rajoelina a été maire d’Antananarivo avant d’être promu chef du « gouvernement de transition » par des militaires plus ou moins rebelles s’appuyant sur les populations pauvres des quartiers. Il est resté au pouvoir durant 5 ans et durant 5 autres années, avant de céder la place à son ami Rajaonarimampianina qui a également duré 5 ans.

Les présidents se succèdent et la population pauvre est frappée par de multiples maux, au premier rang desquels il y a l’exploitation féroce, aussi bien dans les zones industrielles que dans les mines. Rajoelina n’ignore pas que Ravalomanana, le président blackboulé, a essayé de faire une tournée préélectorale dans l’Androy (Grand Sud) région très déshéritée. Il y a été copieusement hué dans la ville d’Ambovombe ; ce voyage a été un fiasco et il a dû repartir précipitamment.

Le nouveau président ne veut pas faire la même expérience devant ces populations qui souffrent ; il a dit qu’il ne les oubliera pas. En réalité, les seuls qui ne seront pas oubliés ce sont les possédants des grandes sociétés qui auront dégoté des contrats juteux avec le nouveau régime. Avec un peu de chance ils vont peut-être débuter quelques travaux, mais ensuite les chantiers risquent de rester en suspend durant d’interminables années.

Les caisses de l’État sont vides et Rajoeline se garde bien de préciser dans quelles poches il prélèvera les millions nécessaires. Pour sûr, comme par le passé, il cherchera à faire payer les travailleurs et les classes pauvres. La classe des riches dont il fait partie, ne payera rien ou presque rien.