Éditorial

Tchad : la dictature continue sous la garde de l’impérialisme français

03 mai 2021

ÉDITORIAL

Après avoir dirigé l’État tchadien sous la terreur durant plus de 30 ans, le dictateur Idriss Déby est mort le 19 avril 2021 lors d’un combat contre une rébellion armée selon la version officielle. Il est arrivé au pouvoir en 1990 par un coup d’État grâce au soutien de l’armée française installée au Tchad depuis l’époque coloniale. C’est aussi grâce à cette protection qu’il a pu échapper à de nombreuses tentatives de coups d’État.

De nombreux chefs d’États africains ont fait le déplacement à Ndjamena pour participer à l’enterrement d’un des leurs, de même que le président français Macron qui a salué un allié de l’État français dans ses opérations militaires, notamment dans la zone dite des trois frontières situés e entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger où sévissent des groupes armés djihadistes. Mais le contingent tchadien qualifié de vaillant et courageux s’est surtout illustré récemment par des actes de barbarie à l’encontre des habitants du village de Tera, dans l’ouest du Niger, qu’il était censé protéger contre les attaques des djihadistes.

C’est grâce à cette même armée qu’Idriss Déby a fait régner la terreur sur toute la population tchadienne et liquidé physiquement des opposants. Il a installé son clan et les membres de sa famille dans les postes-clés de l’appareil d’État pour mieux le contrôler et avoir la mainmise sur les caisses de l’État. Sa famille et ses proches contrôlent également les secteurs économiques les plus lucratifs tels que la production de pétrole ou l’import-export, entre autres. Ce pillage et cette dictature soutenus par l’impérialisme français ont permis à la famille Déby de devenir une des plus riches du pays alors que la population est l’une des plus pauvres de la planète.

La disparition de Déby ne signifie aucunement la fin de la terreur et du pillage car c’est son propre fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, qui a pris le pouvoir à la tête d’un groupe de généraux baptisés « Conseil militaire de transition ». Aussitôt après ce coup d’État qui ne dit pas son nom, le gouvernement et le parlement ont été dissous et un couvre-feu instauré de 18H à 5H du matin. La dictature se poursuit, l’impérialisme français est assuré d’avoir un allié fidèle à la tête de l’État tchadien et celui-ci est assuré à son tour de bénéficier du soutien de l’armée française contre toute tentative de déstabilisation par des groupes armés ou une éventuelle révolte de la population.