Sénégal – Les promoteurs immobiliers veulent faire main basse sur les plages de la corniche avec la bénédiction de l’État

01 mai 2014

Morceau par morceau, l’État sénégalais est en train de céder aux privés le peu d’espace encore resté dans le domaine du public sur la Corniche-Ouest de Dakar. Jusqu’ici les plages de sable de cet endroit étaient accessibles aux « joggeurs », aux simples promeneurs, et autres sportifs qui s’y donnaient rendez-vous à la fin de l’après-midi, surtout à la fin de la semaine. Au fil des ans, ces terrains classés par les autorités comme « inconstructibles », ont été cédés à des promoteurs pour y implanter des infrastructures liées au tourisme, à des centres de conférence, des hôtels de luxe et autres villas pour milliardaires.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’est la récente cession de 4000 mètres carrés à l’ambassade de la Turquie sur la Corniche Ouest. Aussitôt un mur en béton, haut de plusieurs mètres a été érigé au bord de la mer pour empêcher les passants d’accéder à la plage. Très rapidement les gens ont commencé à s’organiser pour protester contre ce « mur de la honte » comme l’appellent les gens en faisant allusion aux murs que l’État israélien a érigé autour des territoires palestiniens pour encercler les habitants comme dans une prison à ciel ouvert.

L’association SOS Littoral dénonce « la privatisation sournoise du littoral ». 100.000 autres mètres carrés seraient déjà « déclassifiés » pour être vendus. Le collectif « Non au Mur de la honte », qui regroupe quelque 23 associations, a organisé une caravane pour exiger l’abandon de la construction. Mais le gouvernement sénégalais a interdit toute manifestation. Cela n’a pas empêché les militants d’agir autrement qu’à travers des manifestations. Ils ont fait du porte-à-porte pour alerter les habitants sur les conséquences de cette privatisation du littoral et ont recueilli de nombreux soutiens.

Macky Sall continue ainsi la même politique initiée par ses prédécesseurs, Wade en particulier. Il montre une fois de plus à quel point il est plus proche des préoccupations des promoteurs immobiliers et des riches en général que de celles de l’écrasante majorité de la population.