Sénégal : les présidents changent mais pas la situation des petites gens

08 juillet 2024

Lorsque les actuels dirigeants du Sénégal étaient dans l’opposition, ils promettaient monts et merveilles à la population pour obtenir des voix lors de l’élection présidentielle de mars dernier. Parmi leurs promesses il y a avait la lutte contre la vie chère, contre la corruption, voire « un changement systémique ».

Force est de constater que 3 mois après l’arrivée au pouvoir de Diomaye Faye (président) et d’Ousmane Sonko (Premier ministre) la population des quartiers populaires continue de souffrir de la vie chère.

Le 13 juin dernier, le gouvernement a annoncé des réductions sur les prix de certaines denrées alimentaires comme le pain, le riz, le sucre, l’huile, mais ce que les gens constatent dans leurs quartiers c’est que ces annonces n’ont pas été suivies d’effets. Par exemple, le gouvernement a dit que « le riz brisé va baisser de 40 francs CFA [par kilo] et ne pourra pas dépasser les 410 francs CFA ». Mais entre le prix officiel et le prix réel, la différence est parfois énorme puisque dans certains quartiers populaires les gens l’achètent au détail jusqu’à 600 ou 640 francs.

Autre exemple, celui du sucre dont le prix officiel était de 650 francs le kilo (en réalité bien plus, jusqu’à 800 francs dans certains quartiers) devait passer à 600 francs. D’un seul coup on n’en trouvait plus chez les petits commerçants car ils ont préféré retirer le sucre de leur étalage plutôt que de le vendre à perte. Ils disent : «  pourquoi voulez-vous qu’on vende notre sucre au prix fixé par le gouvernement alors que nous l’avons acheté plus cher chez les grossistes ? ».

En ce qui concerne le prix de la baguette de pain, le gouvernement a baissé son prix de 25 fr (150 fr au lieu de 175 fr). Certes, son prix a réellement baissé mais en contrepartie, elle est devenue plus petite et plus légère que celle d’avant. Ce pain léger est appelé « pain Pastef » par les gens (Pastef étant le nom du parti de l’actuel président).

Face à la déception et à la grogne dans les quartiers populaires, le gouvernement cherche des boucs émissaires parmi les petits commerçants et essaie de monter la population contre eux.  Il a renforcé le nombre de contrôleurs des prix et a menacé de sanctionner les petits boutiquiers comme si ce sont eux qui sont responsables de la cherté de la vie. Pendant ce temps, les grossistes ne sont pas inquiétés. Sur ce plan-là, les dirigeants du nouveau pouvoir ne font que copier les tromperies et la démagogie de l’ancien président Macky Sall. Certains regrettent déjà d’avoir voté pour eux, d’autant plus que le salaire des ouvriers et des petits employés n’ont pas augmenté d’un centime pendant que les prix ont grimpé en flèches.

Une chose est sûre, c’est que pour les travailleurs comme pour les populations pauvres en générale, il n’y a rien de bon à attendre des gouvernements et des présidents qui se succèdent. Leur sort est entre leurs mains, ils ne peuvent compter que sur leurs mobilisations et leurs luttes dans la rue et dans les entreprises pour améliorer leurs conditions d’existence.