Sénégal : ils combattent les migrants mais pas la misère !
Lorsque l’actuel président sénégalais Bassirou Diomaye Faye était encore dans l’opposition, il répétait à chaque discours de campagne électorale que s’il était élu il y aurait une « rupture systémique » avec le passé, « un avant et un après », notamment pour les jeunes qui, déplorait-il, « au cours de leur pérégrination, perdent leur vie, par milliers, dans le désert ou dans les eaux marines ». Il fustigeait « les échecs des politiques des gouvernements successifs qui, depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, ont gravement englué notre peuple dans la misère et la pauvreté endémique », etc.
Six mois après son élection, la population des quartiers populaires constate surtout la continuité de la misère, du chômage, de la cherté de vie, des bas salaires, accompagnés du même mépris à leur égard.
Les jeunes chômeurs, poussés par la misère et le chômage de masse, continuent de risquer leur vie en traversant la mer à bord d’embarcations de fortune pour tenter leur chance dans les pays riches.
Diomaye Faye déplore le drame des naufragés mais il s’en prend aux parents qui, selon lui, pousseraient leurs enfants à risquer leur vie dans la migration clandestine. Mais qu’a fait l’État sénégalais pour venir en aide à ces enfants et parents qui tentent de survivre, à part leur faire de la morale et les indexer comme des délinquants ?
Comme ses prédécesseurs, Diomaye Faye a déployé l’armé le long des côtes pour arrêter et sanctionner les candidats au départ, sous prétexte de « lutte contre le trafic de migrants ».
Cette politique répressive ne dissuade pas les candidats au départ mais au contraire augmente les risques de naufrage car ceux qui partent sont obligés d’en prendre plus pour échapper à la surveillance des militaires.
En faisant ce genre de démonstration musclée, Diomaye Faye veut surtout envoyer un message aux dirigeants européens et leur montrer qu’ils peuvent compter sur sa collaboration pour les aider à refouler les migrants. C’est aussi une confirmation de la continuité de l’État sénégalais dans son alignement à l’ordre impérialiste mondial. Cela permettra peut-être au gouvernement sénégalais de recevoir quelques miettes de la part des États européens et d’autres États riches du monde, mais cela ne changera rien au sort de la grande majorité de la population qui continuera de vivre dans la misère.
Le flux de migration des pays pauvres vers les pays riches est une des multiples conséquences du pillage des richesses naturelles et de l’exploitation des populations pauvres par les puissances capitalistes. Tant que les travailleurs, de part le monde, n’auront pas mis fin à ce système capitaliste, l’humanité ne sera jamais débarrassée de la misère, de l’oppression et des guerres.