Reprise des négociations avec la rébellion touarègue
Mali
Grâce à la médiation de la Minusma (Mission des Nations Unies au Mali), des dirigeants de pays voisins et du G5 Sahel, les négociations ont repris entre le gouvernement malien et la rébellion touarègue regroupée au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
La rencontre a eu lieu à Kidal le 11 février dernier. Cette ville située au nord du Mali est depuis de nombreuses années sous le contrôle de la rébellion touarègue, l’État malien y est complètement absent. Le siège du gouverneur basé à Kidal est quasiment vide, mais à l’occasion de cette rencontre, les autorités maliennes ont obtenu le droit d’y faire hisser leur drapeau national. Cela a suffi aux dirigeants maliens de faire tout un battage médiatique triomphaliste. Le colonel Fodé Malick Sissoko récemment propulsé au poste de gouverneur de Kidal y est allé de son couplet : « C’est un sentiment de fierté, d’humilité, de patriotisme que de voir les couleurs nationales hissées et flotter à Kidal ».
Cela a fait sourire dans le camp des partisans de l’Azawad qui savent bien que le drapeau malien ne flottera à cet endroit que durant la tenue de la rencontre, le temps de « faire des photos » pour la presse. Une des membres du Comité de suivi s’est exprimée en ces termes : « Les gens sont venus pour prendre des selfies et repartir […] Le fanion (malien) est ici depuis hier soir, mais nous allons vite le faire descendre ». C’est dire à quel point le gouverneur malien est juste toléré à Kidal pour faire de la figuration.
L’armée malienne a été chassée de cette ville et de ses environs en 2012 par l’offensive du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA).En 2013, un accord de paix est signé à Ouagadougou entre le pouvoir de Bamako et les divers représentants de la rébellion, mais cela n’a pas mis fin au conflit. En 2015, un nouvel accord est signé à Alger mais Kidal est toujours restée entre les mains du mouvement indépendantiste. Aujourd’hui, les autorités maliennes, incapables de s’imposer militairement, reviennent autour de la table de négociations tout en espérant que les troupes françaises de l’opération Barkhane viendront à leur secours.
On se rappelle qu’au tout début de la guerre, les dirigeants de l’État malien et ceux de l’opposition étaient tout feu tout flamme pour « écraser » la rébellion. « Le Mali doit rester un et indivisible » disait l’ancien président Ibrahime Boubakar Keïta. « Pas un seul centimètre du territoire national ne doit être cédé » disaient d’autres, mais ils n’étaient pas prêts à y aller eux-mêmes pour mettre en pratique leurs propres paroles. Ils ont tenté d’encourager l’armée malienne pour reconquérir le Nord mais les contingents envoyés sur place ont abandonné armes et bagages dès les premières attaques de la rébellion armée.
Les autorités maliennes pensaient peut-être que leur armée allait être soutenue par les populations locales du Nord mais cela ne fut pas le cas. La majorité des habitants de cette région, tout comme ceux des régions du Centre et de l’Est n’ont aucune sympathie envers le pouvoir malien, ses représentants locaux et ses forces de l’ordre qui sont plus enclins à racketter et à maltraiter les petites gens qu’à les protéger.
Les habitants de Kidal demandent depuis des années à l’État malien de faire le nécessaire pour qu’ils aient accès à l’eau potable mais ils ne l’ont pas obtenu. Ils demandent aussi l’accès aux soins, à l’éducation scolaire pour leurs enfants, en vain. Alors il ne faut pas s’étonner qu’ils n’aient pas de sympathie pour un État et une administration qui ne font que collecter des impôts et opprimer la population.