Réélection bidon du dictateur Déby sous le regard bienveillant du gouvernement français
Tchad
Comme on s’y attendait -sauf coup de théâtre- le dictateur Idriss Deby a été réélu pour la cinquième fois consécutive Président, au premier tour, avec 61,56 % des voix selon les résultats provisoires. Les deuxième et troisième candidats ont obtenu réciproquement 12,80 % et 10, 69 % des voix.
Arrivé au pouvoir depuis 26 ans, par un coup d’État contre l’ancien président-dictateur Hissen Habré, actuellement en exil au Sénégal, avec le soutien actif du contingent militaire français, Deby semble maîtriser l’art et la manière de se faire réélire malgré les protestations et les recours judiciaires des autres candidats. Ceux-ci dénoncent les diverses magouilles employées par Deby et par les militants de son parti, le Mouvement patriotique du salut (MPS) et aussi par la répression et les menaces contre des opposants.
Ainsi, juste avant le premier tour de l’élection présidentielle, il a fait arrêter quatre dirigeants de l’opposition qui s’apprêtaient à appeler les travailleurs et autres populations à manifester contre sa candidature. Il s’agit du secrétaire général du l’Union syndicale des travailleurs du Tchad et des dirigeants des associations : « Ca suffit », « Trop c’est trop » et « Lyna » (On est fatigués). Tous ont écopé quatre mois de prison avec sursis pour « tentative d’atteinte à l’ordre public et opposition à l’exercice d’une autorité légitime » ; tous ont été relâchés après les votes.
Citons le cas du père de Zouhoura, cette lycéenne qui a brisé le silence sur un des tabous de la société tchadienne pour dénoncer publiquement, et à visage découvert, les criminels qui l’ont violée (tous des fils à papa : généraux de l’armée et ministre). Son père, lui-même candidat à l’élection présidentielle, a d’abord refusé le million d’euros qu’on lui a proposé pour qu’il ne fasse pas campagne, par exemple, sur les viols des filles ou des femmes restés impunis au Tchad. Puis, sous la menace, il s’est non seulement retiré de la course à la présidence mais a publiquement soutenu le candidat Deby.
Outre la répression, les menaces et les intimidations, Deby utilise toutes sortes de magouilles pour parvenir à ses fins : les bourrages des urnes, les bulletins de vote qui manquent dans certains bureaux de vote, en défaveur des candidats de l’opposition, des individus ou groupes d’individus qui votent plusieurs fois, comptages des voix truqués, résultats annoncés fantaisistes, etc.
De plus Deby a soigneusement mis en place une Commission électorale nationale indépendante (CENI) totalement acquise à sa cause qui est sensée collecter tous les bulletins de vote pour les compter et annoncer les résultats.
A l’annonce de la victoire de Deby par la CENI (provisoire pour le moment en attendant les résultats définitifs), plusieurs candidats de l’opposition ont crié au « holdup électoral ». Ils dénoncent le manque de transparence du scrutin et rejettent les résultats. Le candidat arrivé en deuxième position à cette élection a notamment déclaré : « Nous ne reconnaitrons pas toutes les institutions qui seront issues de cette mascarade électorale et c’est légitime de notre part.»
Ces arrestations arbitraires des opposants, ces menaces de mort et ces intimidations proférées à leur encontre se passent sous le nez des représentants du gouvernement français qui laissent faire car Paris continue de soutenir son valet Idriss Deby.
Quels que soient les résultats des urnes, quels que soient les dirigeants qui en seront issus, qu’ils soient anciens ou nouveaux, les travailleurs de ce pays ne peuvent compter que sur eux-mêmes, c’est-à-dire sur leur propre organisation politique de classe et sur leurs propres luttes pour changer leur sort.