Paroles d’un serviteur des riches
CÔTE D’IVOIRE
Le 26 janvier dernier, lors d’un déjeuner de presse, le ministre de la Construction et de l’Urbanisme a annoncé que « tous les quartiers précaires devraient disparaître à terme de la ville d’Abidjan ». Le gouvernement affiche là son objectif et il est très clair, il compte virer tous les pauvres de la ville d’Abidjan.
Mais il n’a pas eu besoin de le dire pour le faire. Depuis des années, les quartiers pauvres sont pris pour cibles par le gouvernement et démolis. Les habitants sont jetés à la rue manu militari, y compris sous la pluie battante. De plus en plus de travailleurs ainsi déguerpis de leurs quartiers se retrouvent dans d’autres quartiers pauvres à la périphérie de la ville.
Si le gouvernement était un peu soucieux du sort des pauvres, il aurait construit des logements sociaux décents afin de reloger les habitants de ces quartiers précaires avant leur démolition. Mais il n’en est rien. On se souvient que le gouvernement avait lancé un programme de logements soi-disant sociaux. Il y a eu beaucoup de propagande, les souscripteurs se sont bousculés et au total la montagne a accouché d’une souris. Le gouvernement n’a pas réalisé le programme qu’il avait annoncé, mais il s’est montré très « efficace » lorsqu’il s’agit de jeter les pauvres dans la rue.
De la bouche du gouvernement, il y a 132 quartiers précaires qui abritent 1,2 million d’habitants. C’est pourquoi, parler de faire disparaitre les quartiers précaires sans pour autant reloger les habitants dans des logements décents, relève du cynisme et de la violence contre les populations pauvres.