N’Djaména (Tchad) : un déguerpissement déguisé
Le prochain sommet de l’Union Africaine (U.A.) se tiendra à Ndjamena. Pour accueillir la kyrielle de dictateurs que sont les chefs d’Etat africains, les autorités tchadiennes sont en train de faire construire dans un quartier populaire, des centres de conférences, des hôtels de luxe, etc. Pour que ce bâtiment ne côtoie pas la misère alentour, cette corniche de Ndjaména a été vidée de ses occupants pauvres. Leurs maisons en terre battue ont été rasées au bulldozer, sans indemnisation. Des terrains ainsi libérés tout autour de ce futur « centre de conférences » ont été aussitôt attribués, par décret présidentiel, à d’autres personnes. Parmi ces heureux propriétaires se trouvent des barons du gouvernement, des élus et surtout des membres de la famille de Deby et ceux de son clan.
Déguerpir des Tchadiens pauvres pour céder leurs terrains à des Tchadiens riches, c’est injuste ! Mais c’est la triste vérité de la politique favorable aux privilégiés, aux dirigeants.
Ce « déguerpissement » rappelle, il y a environ un an et demi, une autre méthode utilisée par le pouvoir en place pour exproprier des pauvres de leurs habitations. Récemment, à Ndjaména ont été tracées des rues goudronnées, sans caniveaux, sans électricité, dans plusieurs quartiers populaires. Par la suite il a été décidé que toutes les habitations situées au bord de ces voies soient en dur. Un délai a été défini. Mais les pauvres gens qui n’ont pu se conformer à ce diktat, étaient obligés de vendre leur maison voire leur concession, à vil prix.
A force de vouloir jouer à ce jeu, le gouvernement risque un jour de déclencher une grosse colère de la part des masses populaires qui lui feront ravaler ses mesures impopulaires et son arrogance.