Mineurs en grève
Afrique du sud
Depuis cinq semaines les mineurs du bassin de Rustenburg, dans le nord-ouest de l’Afrique du Sud, sont en grève pour des augmentations de salaires. Ils revendiquent un minimum de salaire de 12 500 rands (850 Euros). Ils sont 100 000 mineurs à être en lutte. Dans la même région 3 000 travailleurs d’une grande raffinerie de platine sont également en grève pour des meilleurs salaires. Les mineurs ont bloqué la production et le raffinage des trois géants du secteur : Anglo Platinum (filiale de l’Anglo-American), Impala Platinum et Lonmin.
Ce n’est pas la première fois que les mineurs de l’Afrique du Sud ont montré leur combativité. En août 2012, ils étaient 28 000 ouvriers à être en grève dans la mine de platine Lonmin à Marikana. Leur mouvement avait entrainé d’autres mines, comme celle de Gold Field (4ème producteur mondial d’or). A ce moment-là les patrons, les syndicats proches de l’ANC et les autorités ont été pris de court et la répression a été féroce ; il y a eu 34 morts et plus d’une centaine de mineurs emprisonnés. Malgré tout le patron a cédé une augmentation de salaire de 10 à 20%. Les camionneurs ce sont aussi mis dans le mouvement et ont obtenu 10% d’augmentation.
Cette fois-ci le gouvernement du Congrès national africain (ANC) a agi dès le début pour soutenir les patrons des mines pour qu’ils ne cèdent pas. En même temps il a lancé des menaces contre le syndicat des mineurs, l’AMCU, qui organise la grève. Fort du soutien du gouvernement, la direction de l’Anglo Platinum a engagé des poursuites contre les dirigeants du syndicat et réclame des dommages et intérêts pour les dégradations causées selon elle par les grévistes. Le gouvernement de l’ANC et les patrons ont peur de l’extension de la grève à d’autres catégories de travailleurs, surtout en cette période où le pouvoir d’achat en baisse provoque de multiples conflits locaux.
Le mouvement ouvrier sud-africain montre une fois de plus sa force. Il a été sous l’apartheid le fer lance de la lutte contre le régime raciste. Aujourd’hui il a en face de lui les dirigeants de l’ANC, ceux-là même qui se sont appuyés sur ses luttes du passé pour se hisser au pouvoir.
L’absence d’une véritable direction politique de ce mouvement ouvrier est un grand handicap pour mener à bien le combat de la classe ouvrière. On peut cependant espérer que dans les luttes actuelles les ouvriers les plus combatifs et les plus conscients tireront des leçons pour se donner une direction qui représente vraiment leurs aspirations.