Mali : non aux sanctions qui frappent la population ! Troupes françaises hors d’Afrique !
Le 14 janvier, des milliers de personnes ont manifesté dans différentes villes du Mali à l’appel d’Assimi Goïta, actuel dirigeant de la junte au pouvoir. Elles ont massivement protesté contre les sanctions que les chefs d’État de la CEDEAO (Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest) appuyés pas la France, ont décidé d’imposer au Mali à partir du 9 janvier pour contraindre ses dirigeants à organiser des élections présidentielles dans les plus brefs délais.
Ainsi, les frontières terrestres et aériennes des pays de la CEDEAO avec le Mali ont été fermées. Le transport de marchandises entre le Mali et les pays voisins est interrompu. Officiellement, les produits médicaux et de première nécessité ne sont pas concernés mais de nombreux transporteurs affirment qu’ils sont bloqués et se trouvent dans la même situation que des centaines de camions qui font quotidiennement la navette entre Bamako et Dakar ou entre Bamako et Abidjan. Les avoirs du Mali au sein de la Banque centrale des États d’Afrique de l’ouest (BCEAO) sont gelés. Les Maliens travaillant dans les pays membres de la CEDEAO ne peuvent plus envoyer de l’argent à leurs familles. Le gouvernement français a accentué ce blocus en suspendant les vols de la compagnie Air France entre Paris et Bamako.
Toutes ces mesures sont prétendument dirigées contre la junte au pouvoir à Bamako mais c’est la population malienne qui est frappée directement, elle qui souffre déjà d’une situation dramatique provoquée par la montée des groupes armés islamistes, par une crise politico-militaire qui dure depuis près de 10 ans, par le chômage et la vie chère. À cause de ce blocus, les prix des produits de première nécessité vont flamber encore plus et aggraveront davantage les conditions d’existence des classes populaires.
Loin de fragiliser le pouvoir d’Assimi Goïta, cette sanction renforce sa dictature, lui permet d’embrigader la population, de donner prise à son discours nationaliste anti CEDEAO et anti français, de détourner la colère des populations pauvres vers une impasse. Ces sanctions lui ont également apporté une certaine sympathie dans d’autres pays africains, notamment parmi ceux qui s’opposent à la politique de l’impérialisme français en Afrique.
Les dirigeants de l’État français n’ont à la bouche que les mots «démocratie», «respect de la Constitution», «lutte contre le terrorisme», «respect de la souveraineté nationale» ou autres hypocrisies pour justifier le rôle politique et militaire qu’ils jouent actuellement au Sahel. Mais si au Tchad, Macron a accepté le coup d’État de Déby fils alors qu’il ne veut pas de Goïta au Mal, c’est parce que celui-ci n’accepte pas de se soumettre à son dictat, notamment sur la durée de la transition et plus récemment sur le recours fait par le gouvernement malien aux mercenaires de la société russe Wagner.
Macron, en tant que représentant de l’impérialisme français, veut perpétuer la mainmise des grandes firmes capitalistes françaises sur leurs aniciennes chasses gardées d’Afrique dont le Mali fait toujours partie. Mais dans ce pays et plus généralement dans le Sahel, il se joue une guerre de positionnement des grandes et moyennes puissances pour faire main basse sur les richesses naturelles potentielles ou avérées qui s’y trouvent.
Dans cette compétition, les dirigeants de la CEDEAO, plus particulièrement ceux des aniciennes colonies françaises d’Afrique ne font que répéter à haute voix ce que Macron leur dicte en coulisse. De son côté, Assimi Goïta, le nouveau dictateur malien, fait semblant de se présenter comme celui qui veut lutter contre la corruption, qui veut mettre fin au terrorisme et apporter la démocratie au Mali mais que Macron et les dirigeants de la Cédéao veulent écarter du pouvoir. Les uns comme les autres ne sont que des menteurs et des ennemis mortels des travailleurs et des classes pauvres.