Madagascar – Rio Tinto empoisonne l’eau et la terre
Le géant minier Rio Tinto qui extrait le minerai ilménite à partir du sable des bords de mer et des plages continue de déverser des déchets toxiques dans les rivières du sud de Madagascar.
Voici le cri de détresse que les porte-paroles de l’association Lutte pour le Sud lancent : « La destruction de l’environnement et l’appauvrissement de la population s’accélèrent à grande vitesse dans notre région à cause de la non-conformité de l’exploitation ».
En effet, les sources d’eau potable sont contaminées par la présence de métaux lourds comme l’uranium, l’aluminium et le cadmium. En plus de cette pollution chimique, le taux de radioactivité ne cesse d’augmenter, rendant malades les villageois. Le nombre de femmes mettant au monde des enfants mort-nés ou malformés est en augmentation exponentielle.
Cela fait une dizaine d’années que la population de cette région se bat contre le mépris criminel de la firme Rio Tinto et aussi contre celui de l’État malgache actionnaire à 20% dans le capital de la société QMM, exploitant le site de Fort-Dauphin (Taolagnaro). Plusieurs lacs d’eau douce ainsi que des cours d’eau qui recélaient d’importantes richesses halieutiques dans le passé, sont devenus des cloaques stériles empoisonnés par la mine. Ceux qui vivent de la pêche ont perdu leur moyen de subsistance. Les agriculteurs ainsi que les producteurs de fruits et légumes subissent également des préjudices considérables.
La mine sème la désolation et la mort au vu et au su des dirigeants. À chaque fois que la crise latente éclatait, des sommes dérisoires d’argent étaient débloquées et dispatchées aux bons soins de quelques chefs traditionnels, de notables membres de la société civile, etc. Le tout accompagné de gestes démagogiques du genre distribution de quelques sacs de riz, de têtes de bétail et de denrées de base. Tout cela faisait l’objet de cérémoniaux folkloriques avec tambours, trompettes et présence ministérielle.
Rajoelina est un homme d’affaires. Ni ses prédécesseurs ni lui-même n’ont jamais rien eu à refuser aux rois de la mine, pourvu que la bourgeoisie du pays puisse s’enrichir au passage.
Le jour de la commémoration de l’indé-pendance du pays, le 26 juin dernier, le président lançait des appels à l’unité nationale, à l’esprit de sacrifice des citoyens, au patriotisme et à toutes sortes de fadaises destinées à berner les travailleurs.
Les travailleurs et la population de cette région pauvre de l’Anosy ne sont pas dupes. C’est précisément ce jour là que leur lutte a repris malgré la sauvagerie de la répression qui s’est abattue sur elle. Des barrages sur la route d’accès à la mine ont été érigés avec courage et résolution pour la énième fois, le ras-le-bol éclate encore et à nouveau. Plusieurs responsables de l’association Lutte pour le Sud, considérés comme meneurs par ce pouvoir dictatorial qui n’hésite pas à réprimer tout foyer de contestation venant des gens pauvres, ont pris la fuite. Quelques uns ont été arrêtés et incarcérés.
La population de cette région ne demande pas l’aumône, elle exige cependant son dû, c’est-à-dire des compensations financières conséquentes à accorder à tous, sans discrimination à l’égard de ceux qui ne figurent pas dans les cadastres.
De nombreux villageois font état de leurs aspirations à long terme qui est celui de bénéficier d’infrastructures d’approvisionne-ment en eau potable et en électricité à l’égal de ceux dont bénéficient les techniciens et cadres résidant à l’intérieur de l’enceinte de la mine. Rio Tinto ne manque pas de moyens. Avec des moments de fléchissement et de relève, le combat des laissés-pour-compte continue. Vive la lutte !