Madagascar : pénurie d’eau et d’électricité dans le Sud-Ouest, inondations, cultures impossibles
Cette année encore la Jirama (société d’État en charge de la production et de la fourniture de l’électricité et de l’eau) se révèle incapable de satisfaire les besoins pourtant vitaux de la population. De nombreuses villes, y compris les proches abords de la capitale Antananarivo, sont plongés dans le noir. Les queues aux fontaines publiques, seuls lieux d’approvisionnement des travailleurs et des classes pauvres, sont monnaie courante.
Voici ce que rapporte la presse : « La Commune urbaine de Betioky-sud n’a ni eau ni électricité depuis trois jours. Les deux groupes électrogènes de la Jiramasont tombés en panne. Alors que sans l’électricité issue de ces groupes, il n’est pas possible pour l’unité de production et de distribution d’eau de fonctionner. Le double dommage de la Jirama fait ainsi vivre les habitants dans le noir et sans eau courante. L’eau se cherche à 3 km de la ville auprès des petits ruisseaux ou puits. De l’eau pas très hygiénique se vend ainsi à 1000 ariary le bidon de 20 litres…. La chaleur bat son plein dans ce district, avec une température moyenne de 34 degrés. Les réfrigérateurs ne sont pas d’une grande utilité. Seuls les quelques propriétaires de panneaux solaires sont épargnés par la situation…Un agent de la Jirama indique qu’il n’est pas possible de rétablir la situation à moins de faire venir de nouveaux groupes électrogènes car ceux existants ont été maintes fois réparés et arrivent à leur fin de cycle. Betioky ne pourra donc pas jouir d’un approvisionnement en électricité avant plusieurs jours. »
À ce propos, un lecteur nous écrit : « Concernant la panne d’électricité et d’eau, ma sœur a confirmé que la population de notre ville souffre à cause de ces pannes. Les gens ont cherché de l’eau à Anjaraday ou acheté auprès de l’ONG « Taratra » qui a réussi à procéder à un forage. Cette situation devient de plus en plus courante là-bas à cause du vieillissement des groupes qui font fonctionner eau et électricité. Ces machines datent de l’époque de Ratsiraka, dictateur des années soixante-dix, resté à la tête de l’État durant plus de deux décennies. En ce moment les techniciens de la Jirama ont réussi à rafistoler les groupes et ça tient tant bien que mal pour l’instant. La situation redevient plus ou moins normale, mais il y a toujours des délestages sélectifs qui frappent prioritairement les quartiers pauvres situés en bordure de la ville. »
Et il ajoute : « D’autre part de fortes pluies du côté de la localité de Bezaha, ont provoqué la montée du fleuve Onilahy et sont à l’origine de l’inondation dans la partie basse de Tongobory. Un de mes amis et son équipe étaient en route pour le sud, ils ont été obligés de rester pendant trois jours à Ihotry, parce qu’on ne pouvait pas traverser la route pavée d’Andalamboay, invisible et dangereuse, même avec un véhicule à quatre roues motrices. J’ai appelé une parente au téléphone, elle m’a informé que toutes les rizières de Tamentsoa étaient complètement inondées, à tel point que jusqu’à maintenant, la culture du riz demeure impossible, même chose aussi pour celle du pois du cap et aussi du manioc…
Et puis, à Toliara (chef- lieu de province) c’est la chaleur qui est insupportable. On a quelque fois des malaises en marchant dehors ne serait-ce que pendant quelques minutes… »
Pour ceux qui ont de l’argent, tout va bien
Dans le Sud-ouest aride du pays, le dénuement est aggravé par une sorte de « je m’enfoutisme » des dirigeants à l’égard de la population laborieuse. On voit nettement où sont les priorités des gouvernants : vers le tourisme de luxe pourvoyeur de devises et source d’enrichissement pour les propriétaires des palaces climatisés qui poussent actuellement comme des champignons. La construction d’aquariums géants pouvant abriter des poissons tropicaux rares fait partie des projets à court terme du gouvernement. Le gratin argenté en provenance des pays riches ainsi que les couches aisées malgaches qui les fréquentent, pourront ainsi s’adonner encore plus à toutes sortes de distractions.
C’est sûr que pour tous ces gens, l’eau et l’électricité ne manqueront pas.