Lutte contre la fuite du café, cacao, anacarde : pour protéger les intérêts des riches négociants
CÔTE D’IVOIRE
Le gouvernement a annoncé « une peine de 10 ans de prison et une amende pouvant atteindre 50 millions de Francs CFA » pour tout paysan qui sera pris en train d’aller vendre le fruit de son travail dans un pays frontalier. Cette mesure concerne des produits agricoles comme le café, le cacao, le coton, l’anacarde et l’hévéa. Pourquoi un tel acharnement sur des paysans qui ne cherchent qu’à vendre leur production à un meilleur prix ?
Il existe depuis un certain temps un gros décalage entre le prix d’achat des matières premières imposé aux paysans en Côte d’Ivoire et celui pratiqué dans certains pays frontaliers. Par exemple, cette année, le prix bord champs de l’anacarde est fixé au Ghana voisin à 1 000 F le kilogramme alors qu’il est de 500 F le kg en Côte d’Ivoire. Quant au cacao : les paysans au Ghana le vendent à 1 000 F le kilo, contre 700 F en Côte d’Ivoire.
Pour annuler cette fuite de produits vers les pays voisins, il suffirait d’aligner les prix d’achat avec ceux des pays voisins. Mais au lieu de ça, c’est une batterie de mesures que le gouvernement a pris pour obliger les paysans à accepter le prix pratiqué en Côte d’Ivoire.
Cette opération est menée uniquement dans l’intérêt des grands exportateurs dont la plupart sont liés aux hauts dignitaires qui dirigent ce pays, et au-delà les grandes multinationales qui s’engraissent sur le négoce de ces matières premières agricoles.