Liberté pour les militants anti-esclavagistes !
Mauritanie
Plusieurs militants anti-esclavagistes, membres de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) ont été arrêtés et déférés devant les tribunaux. Ils sont accusés d’avoir participé à une « activité dans une organisation non autorisée».
Ce qui leur est reproché en fait c’est notamment d’avoir appelé à manifester après l’arrestation de plusieurs des leurs au cours de ce mois de novembre. Pour défendre leurs camarades emprisonnés, ils ont organisé une «caravane anti-esclavagiste » le long des villes et localités situées le long du fleuve Sénégal, notamment dans la ville de Rosso. Il leur est aussi reproché de mener une « propagande raciste » envers l’ethnie qui pratique l’esclavage alors qu’ils ne font que dénoncer ceux qui s’adonnent à cette pratique malgré son interdiction.
L’esclavage a été officiellement aboli il y a 33 ans (1981) mais personne n’ignore (particulièrement les autorités politiques qui ont signé le décret de son abolition) qu’il existe bel et bien dans la réalité. Officiellement, toute pratique d’esclavage est passible de 10 ans d’emprisonnement. Le gouvernement mauritanien vient même d’adopter une « feuille de route » élaborée avec l’appui de l’ONU pour « éradiquer » cette pratique barbare héritée des temps anciens.
Mais jusqu’à présent ceux qui subissent la répression ce sont surtout les militants anti- esclavagistes, ceux qui dénoncent la lenteur et le manque d’engagement des autorités dans la lutte contre l’esclavage. Une des raisons de ce manque d’empressement est que la classe dirigeante de ce pays est elle-même adepte de cette pratique. La plupart des dirigeants politiques, des hauts cadres de l’administration ainsi que les galonnés de l’armée font partie des familles esclavagistes. Mettre fin à l’esclavage serait pour eux se tirer une balle dans le pied.
Le dictateur actuel de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis 2009, a été récemment désigné par ses compères de l’Union Africaine (dont il est actuellement le président) pour jouer au « monsieur bons offices » auprès des dirigeants burkinabè après la chute de Blaise Compaoré. Il a fait le voyage à Ouagadougou pour donner des « conseils de sagesse » afin de « réussir la transition ». Mais pendant ce temps, on emprisonne chez lui les militants anti-esclavagistes, sans que cela ne gêne ses homologues de l’Union africaine.