Les travailleurs ne doivent pas être les laissés-pour-compte de « l’émergence » façon Ouattara
CÔTE D’IVOIRE
Selon les estimations de la Banque mondiale, le taux de croissance de la Côte d’Ivoire en 2016 atteindra 8,5%. Ce pays attire en effet de plus en plus de capitaux grâce à sa relative stabilité politique retrouvée après plusieurs années de crise et de guerre. Les grands capitalistes de l’ancienne puissance coloniale sont les premiers à se frotter les mains. Déjà l’année dernière, l’ambassadeur de France de Côte d’Ivoire déclarait avec une certaine fierté que : « Aujourd’hui (le 14 juillet 2015), les entreprises françaises établies en Côte d’Ivoire emploient directement 40 000 personnes, contribuent à hauteur de 50 % aux recettes fiscales et de 30 % au produit intérieur brut (PIB)… ». Ce sont en effet, les Bouygues (eau, électricité, BTP), les Bolloré (chemin de fer, port à conteneurs, hévéa, cigarettes), les Colas (construction de routes) et autres opérateurs de la téléphonie comme Orange, qui sont les premiers bénéficiaires de cette croissance économique.
Mais cette richesse ne tombe pas du ciel. Elle provient de l’exploitation féroce des travailleurs des villes et des campagnes. Ce sont les bas salaires et les conditions inhumaines qu’ils imposent à la classe laborieuse qui permettent aux capitalistes d’amasser des fortunes et aux dirigeants politiques de s’enrichir en vidant les caisses de l’État.
Oui, dans ce pays les riches deviennent de plus en plus riches. Les villas, les belles voitures et les magasins de luxe fleurissent dans les beaux quartiers. Mais pour la grande majorité de la population, c’est la misère au quotidien. Au fil des ans le niveau de vie des travailleurs recule. Le prix des loyers, du transport, de la nourriture, de la scolarité des enfants (pour ne citer que quelques-unes des principales dépenses des familles pauvres) augmentent sans arrêt alors que les salaires ne suivent pas.
Mais cette réalité-là n’est pas une fatalité. Les travailleurs, de par leur nombre et la position qu’ils occupent dans l’économie, ont les moyens d’imposer leurs droits à une existence décente. Ce sont eux qui produisent les richesses, construisent les routes et les bâtiments, entretiennent les machines et conduisent les engins. Sans eux, rien ne fonctionnerait. Leur arme principale pour changer cet état de choses, c’est la grève. Ils ont déjà montré maintes fois leur force lors des récentes luttes dans le secteur du bâtiment mais aussi dans les usines, dans le port et le transport public, entre autres. Ils ont montré qu’ils ont la capacité de s’organiser et de faire aboutir leurs revendications lorsqu’ils sont déterminés. Ils peuvent s’appuyer sur leurs expériences des luttes passées pour en mener d’autres, plus larges pour être plus forts. C’est la seule manière de se faire craindre et d’imposer notre droit à une vie digne au patronat et au gouvernement à son service.