Les régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso sont aussi frappées par le terrorisme
Mali
Le 28 septembre dernier, cinq soldats maliens faisant partie d’un convoi d’une entreprise minière ont été tués lors d’une attaque terroriste à environ 200 km de Bamako sur l’axe routier reliant la capitale malienne à celle du Sénégal en passant par Kayes.
Cette embuscade, revendiquée par le GSIM (Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans) illustre la progression de l’activité des groupes armés terroristes se réclamant du djihad ou pas, dans les régions du sud et sud-ouest du Mali. Cela renforce, à juste raison, l’inquiétude des travailleurs maliens de l’émigration dont la grande majorité provient de ces régions jusque-là plus ou moins épargnées. Au sous-développement, à la sècheresse et à la misère qui frappent leur région depuis des décennies, s’ajoute maintenant un climat d’insécurité croissante.
Les autorités françaises viennent de classer en rouge la zone de Kayes depuis le mois d’août 2021 et la déconseillent aux voyageurs. Plusieurs attaques ont eu lieu dans le sud-ouest malien en l’espace de quelques mois. Ainsi par exemple en juillet dernier, deux ressortissants mauritaniens et trois chinois, employés sur un chantier de construction d’une route à 55 kilomètres de Kwala (région de Koulikoro), ont été enlevés. Quelques semaines plus tard, le 11 septembre, deux camionneurs marocains en provenance de Dakar ont été tués à Didiéni, toujours dans la région de Koulikoro par des hommes armés encagoulés. Le même jour, un convoi de civils a été pris pour cible sur le même axe routier mais les autorités n’ont pas fait état de victime. Par ailleurs, plusieurs autres attaques ont été commises entre Diema, Yélimané ou encore à Nioro du Sahel depuis février 2017.
Les attaques sur cet axe routier long de 1300 km inquiètent aussi les autorités sénégalaises et maliennes car c’est un axe important de transport de marchandises et de voyageurs, surtout depuis l’arrêt du trafic ferroviaire entre les deux capitales depuis 2018. Chaque jour, 300 à 400 camions quittent le port de Dakar pour le Mali. C’est par cette même route que le Mali évacue une grande partie de ses produits agricoles et miniers vers le Sénégal, sans compter le nombre de véhicules de transport en commun. À l’insécurité routière due au mauvais état des routes et des véhicules, aux rackets policiers tout le long du trajet, s’ajoute maintenant celle des attaques des groupes armés.
Les populations victimes de cette insécurité ne peuvent compter ni sur les troupes françaises de la force Barkhane, ni sur les forces armées maliennes. Les premières ne sont au Mali que pour protéger les intérêts de l’impérialisme français et les seconds pour opprimer, terroriser et racketter les populations pauvres et pour écraser toute tentative de révolte contre le pouvoir en place.
De nombreux habitants de Kayes se souviennent encore de la violence des forces de l’ordre lors des émeutes du 12 et 13 mai 2020 dans leur ville. Neuf manifestants ou simples passants ont été tués et plusieurs blessés par balles. Et ce n’est pas parce que le pouvoir a changé de main à Bamako depuis le coup d’État du colonel Assimi Goïta en août 2020 qu’il est devenu moins dictatorial.