Les putschistes réaffirment leur coup de force
Mali
En démettant sans difficulté le Président et le Premier ministre de la « transition », le colonel Assimi Goita et ses compagnons putschistes ont montré qu’ils sont les vrais détenteurs du pouvoir à Bamako grâce aux soutiens dont ils disposent au sein de l’appareil militaire.
Après avoir renversé le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, les putschistes avaient accepté, sous la pression notamment de l’impérialisme français et de ses alliés africains, de laisser le poste de Président et de Premier ministre à Bah Ndaw et à Moctar Ouane en attendant les élections prévues à l’issue de 18 mois de régime transitoire. Mais, après 8 mois de collaboration dans le gouvernement de transition, Assimi Goïta (qui n’était que vice-président) les a enfermés dans la caserne de Kati et les a contraints à démissionner en les accusant de manquer de loyauté envers lui. Jusqu’à ce jour, il a la haute main sur l’armée et peut défendre sans trop de difficulté sa position.
Le président français, Emmanuel Macron, ainsi que les dirigeants de l’Union Africaine ont condamné le coup de force et menacé d’appliquer des sanctions contre les putschistes s’ils ne reviennent pas à la table des négociations et s’ils remettent en cause les accords concernant la transition et le « retour à la démocratie », c’est-à-dire à un État dirigé par un président sorti des urnes. En réalité, les dirigeants des grandes puissances ne s’embarrassent pas de la nature des régimes qu’ils soutiennent ; le sort des populations étranglées par les dictatures les plus infâmes sont à leurs yeux secondaires du moment que ces régimes acceptent de jouer le rôle du petit commis des intérêts locaux de la bourgeoisie de ces grandes puissances.
Au Mali comme au Tchad, si les putschistes restent fidèles aux intérêts économiques et géopolitiques de l’impérialisme français, celui-ci s’en accommodera comme il l’a toujours fait dans le passé lors des coups d’États dans ses anciennes colonies.