Les présidents se succèdent mais la corruption au sommet de l’État demeure
SÉNÉGAL
Depuis que Macky Sall est au pouvoir, il a mis en place son propre système de clientélisme en lieu et place de celui de son prédécesseur Wade qui, lui-même avait fait la même chose en succédant à Abdou Diouf. Un des personnages le plus remarqué dans ce système de prédation des deniers publics sous le pouvoir de Macky Sall n’est autre que son propre frère Aliou Sall. Son nom est impliqué dans de nombreuses affaires d’ « enrichissement illicite » mais il est resté intouchable du fait qu’il est le frère du président.
Une des affaires dans laquelle il est soupçonné d’avoir touché un pot de vin est celle de l’attribution de deux concessions pétrolières à la compagnie britannique BP en 2012. Face à ceux qui l’accusaient de malversation, il a toujours nié d’avoir touché un seul centime et a contre attaqué ses accusateurs en les poursuivant en justice pour propagation de fausses informations et de calomnie.
Ce qui a précipité sa chute, c’est la révélation faite par la télévision britannique BBC selon laquelle il aurait touché une prime de 250 000 dollars versée à une société lui appartenant. Dans un premier temps Aliou Sall a prétendu qu’il s’agissait d’un « transfert imaginaire » puis son avocat a changé de tir en déclarant que cette somme lui a été effectivement versée mais au titre d’une d’ « une mission de consultation agricole ».
Aussitôt, une vingtaine d’organi-sations politiques et d’associations ont appelé à une manifestation à Dakar pour dénoncer la corruption et l’impunité. Malgré l’interdiction, plusieurs centaines de personnes ont participé à un rassemblement le 14 juin aux cris de « Macky corruption » ou « Macky dictateur ». Il y a eu des affrontements avec les forces de l’ordre ; plusieurs personnes ont été arrêtées. Le gouvernement a prétexté qu’il s’agissait d’une tentative de déstabilisation de l’État. Cela n’a pas empêché une nouvelle manifestation quelques jours plus tard. Cette fois-ci il y a eu plusieurs milliers de manifestants encore plus en colère.
Le gouvernement a fini par faire démissionner Aliou Sall du poste de directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations qu’il occupe depuis deux ans, mais il est toujours en liberté.
Comme quoi il n’y a rien de nouveau sous le beau ciel bleu de la « Teranga sénégalaise. La « bonne gouvernance » prônée par Macky Sall lors de son arrivée au pouvoir n’est que coquille vide. Les dirigeants au sommet de l’État changent mais les pratiques de prédations mafieuses demeurent. Pour une affaire mise au grand jour combien d’autres restent dans l’ombre ?