Les « microbes » : un phénomène qui pousse sur le terreau de la misère
CÔTE D’IVOIRE
Avec la fin de la crise poste électorale, un nouveau phénomène est apparu d’abord à Abobo, a pris de l’ampleur, et s’est étendu à d’autres quartiers d’Abidjan. Il s’agit des bandes d’adolescents communément surnommées « microbes » et qui s’adonnent à des agressions, même en plein jour. Armés de couteaux et de machettes, ils investissent une rue et dépouillent tous ceux qui croisent leur chemin.
Des bandes organisées d’adolescents en fonction de leur quartier ou d’autres affinités ont toujours existé. Des rivalités et autres querelles rythment souvent leur existence. Dans ce genre de situation, il est fréquent que des rixes entre bandes éclatent. Mais aujourd’hui, le problème prend une autre dimension. Toute bagarre entre bandes prend très vite l’allure d’agression généralisée.
En début du mois d’août, le sous-quartier Kennedy d’Abobo a connu des perturbations pendant deux jours de suite. Des bagarres entre bandes se sont vite muées en opération de vol et d’agression généralisée. Et cette opération s’est déportée de Kennedy à Avocatier en passant par la Gare d’Abobo.
Malgré tous leurs discours sur la sécurité, les autorités sont désemparées devant le phénomène. Loin d’être jugulé, il s’étend au contraire à toutes les communes d’Abidjan.
La misère qui se généralise est un véritable terreau permettant la prolifération de ces petits délinquants. Dans les quartiers défavorisés, la plupart des enfants ne franchissent pas l’étape de l’école primaire. Une fois en dehors du circuit scolaire, c’est la rue qui les accueille. Là, il faut essayer de survivre tant bien que mal. C’est là que la dérive vers la délinquance est vite franchie.
Pour venir à bout du phénomène des « microbes », il ne suffira pas seulement de créer des unités de répression, ou de plus grandes prisons. Il faudra aussi et surtout faire face à la pauvreté galopante dans les milieux défavorisés.