Les classes pauvres confrontées à l’épidémie

30 avril 2020

Madagascar

En ce moment, c’est la commercialisation de Covid organics ou CVO, une décoction à base de plantes issue de la médecine traditionnelle, qui fait à juste raison, polémique à Madagascar.

Le président prétend que sa décoction peut guérir du corona virus, sans l’approbation d’un organisme international mais juste celle de l’IMRA (Institut Malgache de Recherche Appliquée). Il oblige la majorité de la population à boire cette tisane. Les élèves ne peuvent pas reprendre les bancs de l’école sans l’avoir bue.

Aujourd’hui, l’opinion publique est divisée. Il y a les personnes qui sont convaincues que le président a raison, donc acceptent aveuglement ses propos. Elles pensent que c’est le médicament ultime qui va sauver le monde. D’autres personnes affirment que c’est juste un gros coup de communication, que le président a des parts dans la vente du produit.

Lorsque les gens vont comprendre que ce n’est qu’une tisane avec juste quelques éventuels petits bienfaits secondaires, les fabricants auront déjà écoulé énormément de CVO et réalisé des profits substantiels.

Une des molécules contenues dans ce breuvage est extraite d’une plante appelée Artémésia. Elle a été introduite à Madagascar vers 1995 pour faire des médicaments contre le paludisme.

Il y a certainement des cas de covid-19 dans le pays (pratiquement une centaine selon certaines estimations) mais personne ne peut vraiment être sûr qu’il s’agit de cette maladie ou d’une autre, tellement le système de santé est délabré et que dans les classes pauvres, au premier rang desquelles il y a les travailleurs des usines et des mines, on meurt de toutes sortes de maladies liées à la férocité de l’exploitation capitaliste.

Le gouvernement joue avec la peur de la population pauvre en quelque sorte pour la tenir en otage avec la consommation de ce CVO. C’est devenu un genre de chantage : « Buvez la CVO et on mettra définitivement fin au confinement ». Les tenants du pouvoir jouent avec la sueur et le sang des exploités mais cela ne durera pas éternellement.