Le mépris de l’État face aux légitimes revendications des enseignants

25 février 2022

SÉNÉGAL

Depuis le mois de décembre 2021, les établissements scolaires publics sont paralysés par la grève des enseignants qui revendiquent des augmentations de salaire et des primes, dont celle du logement. Depuis longtemps ils se heurtent au mépris de leur autorité de tutelle qui les balades de protocoles d’accords en conventions ou autres tables rondes sans lendemain. Fatigués de faire des grèves de 48 heures ou de 72 heures reconductibles sans que le gouvernement ne les écoute, les enseignants ont décidé de poser une bonne fois la craie et le stylo de manière plus massive et plus déterminée.

Craignant une année blanche, les élèves dont les parents n’ont pas les moyens de payer l’accès à l’enseignement privé, ont organisé une « marche nationale » le 26 janvier dernier. À Dakar et dans plusieurs autres villes, plusieurs milliers d’élèves ont défilé dans la rue pour exiger la réouverture des classes et le respect par le gouvernement des revendications des enseignants. Les parents d’élèves sont aussi sortis dans la rue pour exprimer leur mécontentement.

Devant la colère qui monte, le gouvernement à fini par annoncer qu’il va mettre sur la table un budget de 69 milliards de Francs Cfa pour améliorer la vie des enseignants. Parmi les mesures annoncées il y a par exemple « la défiscalisation des indemnités de logement », le relèvement des indemnités de recherche documentaire, du temps passé à surveiller les élèves lors des examens et à corriger les épreuves, etc.

Mais à supposer même que ce qui a été annoncé soit réellement appliqué (ce qui est loin d’être sûr car les enseignants ont vu plus d’un accord signé en bonne et due forme mais qui n’ont jamais été appliqués), les grévistes l’ont trouvé insuffisant par rapport à ce qu’ils revendiquent depuis des années. Par conséquent, ils ont décidé de prolonger la grève. Ils ne croient plus aux paroles du gouvernement qui leur dit que les caisses de l’État ne peuvent pas supporter les frais occasionnés par leurs revendications alors qu’au même moment Macky Sall se prépare à l’inauguration en grande pompe du nouveau stade de football qui a coûté la bagatelle de plus de 156 milliards de francs Cfa.

Si ça ce n’est pas du mépris envers les enseignants et tous ceux des hôpitaux ou d’autres secteurs qui souffrent des bas salaires, c’est quoi ?