Le gouvernement fédéral face à la rébellion armée au Tigré

10 juillet 2021

ÉTHIOPIE

Après une guerre qui a duré plus de huit mois, le gouvernement éthiopien dirigé par Abiy a fini par conclure un accord de cessez-le-feu avec les dirigeants du Tigré, une région-État qui fait partie de l’État fédéral d’Éthiopie mais qui est entrée en rébellion. Les affrontements ont cessé, mais pour combien de temps ? Ce qui est sûr c’est que le régime éthiopien fait actuellement face à plusieurs difficultés.

Une des priorités de l’armée fédérale est la protection du grand Barrage de la Renaissance, le plus grand d’Afrique situé en amont du Nil et qui diminue le débit de ce fleuve. De ce fait, cela ne plait pas aux dirigeants du Soudan et surtout de l’Égypte, deux pays traversés par le Nil et dont l’économie est fortement liée à ce fleuve. Ces deux États menacent d’attaquer l’Éthiopie si elle poursuit le remplissage de son grand barrage. Du coup, une partie de l’armée éthiopienne est concentrée à la frontière du Soudan pour faire face à une éventuelle attaque.

Une autre partie de l’armée éthiopienne est mobilisée pour combattre la rébellion au Tigré car depuis longtemps, le Front de libération du Peuple du Tigré (FLPT) veut s’emparer de terres riches dans le nord de la région Amhara. Or le gouvernement éthiopien, globalement, n’arrive pas à contenir les ambitions des dirigeants bien implantés du Tigré. La branche armée des rebelles du Tigré, le TDF, contrôle la majorité de cette région-État, y compris Mekelé la capitale.

Une grande partie du budget de l’État fédéral est consacrée à l’armée. Abiy Ahmed a mis en avant le coût de la guerre pour justifier le départ des troupes fédérales de cette région. Quel va être l’avenir de la région Tigré par rapport à l’État fédéral ? Il est difficile de se prononcer pour l’instant. Lors de l’occupation du Tigré par l’armée éthiopienne, les populations locales ont subi des tueries, des viols, des exactions et la pénurie de nourriture. Cela s’est traduit par des dizaines de milliers de morts.

Les élections législatives initialement prévues en août 2020, ont été reportées au 21 juin 2021 à cause de la pandémie de Covid. Les résultats ne sont pas connus pour l’instant car certaines régions n’ont pas voté en raison d’affrontements inattendus. Pour celles-là, les élections auront lieu en septembre prochain. Pour le moment, Abiy semble en bonne position, la population de la capitale s’est rangée derrière lui car elle souhaite la fin de la guerre au Tigré.

Les travailleurs et les paysans pauvres des deux côtés n’ont rien à gagner dans un combat de dirigeants pour le pouvoir.