L’armée tue des innocents
Mali
Le 20 avril dernier, Human Rights Watch, une ONG de défense des droits humains, a publié un rapport accusant l’armée malienne d’avoir commis des meurtres de villageois dans la région de Mopti entre octobre 2020 et mars 2021. Des témoignages recueillis auprès des villageois illustrent l’atrocité des actes. Un témoin raconte : « Les militaires ont fait entrer les hommes dans un magasin abandonné… Un [militaire] qui avait pris position à l’entrée a ouvert le feu. Ils gisaient là, en train de mourir dans un bain de sang ». Un autre témoin raconte : « Ils ont tué des gens pendant qu’ils couraient. Certains ont été exécutés à bout portant, d’autres écrasés par des véhicules de l’armée, d’autres brûlés vifs à l’intérieur de leurs maisons ». Au moins 34 personnes ont été ainsi tuées, dont des femmes et des enfants.
Ce n’est pas la première fois que l’armée malienne est mise en cause. Rien qu’entre 2017 et 2020, elle aurait tué 535 civils. Lorsque des ONG dénoncent les crimes et les rackets commis par des militaires, elles sont accusées par les autorités maliennes de faire de la propagande pour les terroristes et de « saper le moral des FAMA (forces armées maliennes) ».
En fermant les yeux sur les faits dénoncés, les dirigeants politiques maliens ne font que renforcer le sentiment d’impunité qui règne au sein de l’ensemble des forces de l’ordre. C’est ce qui explique que dans de nombreux villages, les habitants craignent autant la présence des militaires que celle des djihadistes.