La situation des travailleurs dans le secteur du bâtiment
CÔTE D’IVOIRE
Le secteur du bâtiment et des travaux publics est en plein essor depuis quelques années. Il y a partout de grands chantiers de promotion immobilière, des travaux d’État comme les voiries ; les bâtiments administratifs ; les ponts ; les châteaux d’eau et leurs canalisations. Ces travaux utilisent plusieurs milliers de travailleurs à travers le pays. Ce qui est une bonne chose pour les ouvriers de ce secteur qui ne chôment pas pour l’instant. Mais cet essor ne profite pas aux travailleurs, du fait de la précarité des contrats. En effet, les entreprises du BTP proposent toujours des contrats journaliers, même quand les travaux durent plusieurs années.
Cette précarité des contrats fait que les travailleurs vivent dans la peur d’être jetés du jour au lendemain à la porte. Du coup, ils sont surexploités. Les salaires sont bas et souvent les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées. En cas d’accident, les travailleurs sont abandonnés à eux-mêmes sans soins ni autres moyens de prise en charge.
Voici quelques exemples :
A Soroubat, une entreprise qui emploie près de 700 travailleurs, on fait signer des contrats qui sont à moitié remplis et ensuite la direction remplit le reste des pages en ajoutant que les travailleurs acceptent de travailler 10 heures par jour pour un salaire de 8 heures.
Quant aux entreprises comme SEG et Franzzetti, les travailleurs ne sont pas déclarés à la CNPS. Ils sont employés comme journaliers. Les barèmes des salaires ne sont pas respectés. Les accidents de travails sont courants, avec souvent des morts. Pour fuir leur responsabilité, ces entreprises emploient des intermédiaires de façade. Et quand un accident se produit, elles déclarent qu’elles ne sont pas les employeurs directs du travailleur accidenté. Alors les travailleurs (ou leurs familles pour ceux qui sont décédés), n’ont droit à aucun dédommagement.
Il y a d’autres entreprises comme Faso-Constructions qui se comportent comme de vulgaires escrocs. Elles ont pour particularité de ne pas régulièrement payer le salaire des travailleurs. Ceux-ci doivent à chaque fois se battre avant d’en percevoir une partie.
Actuellement il y a des grèves sur les différents chantiers de Faso-Construction, à Abidjan comme à Dabou. Les dirigeants de cette entreprise attendent que les travailleurs se lassent et abandonnent les arriérés non payés.
Enfin, il y a les plus grosses entreprises comme Setao (filiale du groupe Bouygues) qui utilisent la sous-traitance ou des tâcherons. Quoi qu’il en soit, ces entreprises de sous-traitance ou de tâcheronnat se comportent de la même manière et même souvent pire que les petites entreprises. Elles ont toutes le même objectif : comment exploiter au maximum les travailleurs.
Face à cette exploitation et à ces conditions de travail difficiles, les travailleurs ont à plusieurs reprises revendiqué leurs droits. Les revendications tournent presque autour des mêmes points : revalorisation du salaire ; déclaration à la caisse de prévoyance sociale ; mesures de sécurité sur les chantiers ; respect des 8 heures de travail, élection des délégués, etc.
Évidemment, les réponses à ces revendications sont aussi identiques. Elles sont faites d’intimidations, de licenciements, d’emprisonnement, de fermeture de chantier, pour se débarrasser des travailleurs comme SEG vient de faire il y a de cela un mois.
Et si de temps à autre les travailleurs remportent ici et là de petites victoires, la plupart du temps ils se trouvent confrontés aux patrons qui font appel aux autorités du pays. Ces dernières, bien au service de la classe bourgeoise, ferment les yeux sur toutes ces injustices faites aux travailleurs et portent main forte au patronat en envoyant leur police pour mater les grévistes.
Ainsi, les luttes des travailleurs du bâtiment sont permanentes. Et pour être efficace face au patronat, ces travailleurs essayent à chaque fois d’élargir au maximum leur mouvement en le faisant connaître aux autres travailleurs, aussi bien ceux du bâtiment que ceux des entreprises environnantes, qui sont confrontées aux mêmes problèmes.
Ce qui est certain c’est que si les travailleurs ne veulent pas être les laissés-pour-compte dans cette société capitaliste où seuls les intérêts des riches comptent, ils n’ont pas d’autres choix que celui de se battre encore plus nombreux pour être plus efficaces.