La population du grand sud face à la sècheresse et à la rapacité des exploiteurs

14 novembre 2016

Madagascar

Dans les régions du grand Sud de l’île, la population est menacée de famine à cause du manque de pluie. Cela fait plusieurs années qu’il ne pleut pas suffisamment et bientôt va commencer la période dite de soudure durant laquelle les habitants de ces régions sèches et défavorisées, n’auront pratiquement rien à manger. Le peu qu’il leur reste de l’ancienne récolte agricole tire à sa fin et il leur faudra attendre l’hypothétique arrivée des pluies pour espérer planter puis peut-être récolter.

La population de ces régions fait tout pour s’en sortir. Si les sols ne sont pas fertiles, l’imagination l’est. Avec le peu d’outils agricoles rudimentaires dont elle dispose, elle s’échine sans relâche à aménager les sols durs et ingrats, à faire en sorte qu’il puisse être possible de produire le moment venu et là où elle espère que ce sera possible, un peu de manioc, de sorgho ou d’autres denrées comestibles. Selon différentes estimations, autour d’un million de personnes de ces régions sont en situation d’insécurité alimentaire qualifiée d’alarmante dont près de la moitié en situation d’urgence.

Dans l’Androy, région la plus frappée par la sécheresse, l’eau même à boire manque et les quelques mares de rétention ou les puits, lorsqu’ils existent, peuvent être éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres. Malgré la chaleur torride, les gens se débrouillent pour acheminer dans des bidons le peu qu’on trouve vers là où on peut. Une fois à destination, cette eau est vendue mais beaucoup de personnes meurent de soif et de déshydratation parce qu’il n’y en a pas assez pour tout le monde ou par manque d’argent pour en acheter.

Cette situation dure depuis de nombreuses années et s’aggrave sans que le gouvernement n’apporte des réponses ne serait-ce qu’à la hauteur des moyens mêmes faibles dont il dispose. Les promesses faites en période électorale de réaliser quelques aménagements tels que réparer les routes actuellement en piteux état ou procéder à des forages pour trouver de l’eau, sont passées aux oubliettes.

Toutes les régions du pays ne sont pas sinistrées de façon aussi catastrophique, mais les gouvernements qui se sont succédé ont cédé (et continuent à le faire) des terres meilleures à des sociétés étrangères ou à des particuliers aisés proches du pouvoir. Dans la province de Toliara qui est la plus déshéritée, sur certaines terres soustraites à la production vivrière, du coton destiné à l’exportation est cultivé. Les laissés-pour-compte du grand Sud ne peuvent dans ces conditions compter que sur les aides des organisations caritatives et des ONG. Ces aides ne leur permettent pas de faire face durablement à la situation et ne constituent pas une solution pérenne.

La misère et le sous-développement ne sont pas une fatalité et le climat n’est pas le seul responsable de la situation dramatique actuelle. Celle-ci résulte en premier lieu de la domination capitaliste sur la planète. Les classes dominantes malgaches et l’appareil d’état corrompu sont incapables de mettre en place une orientation politique et économique allant dans le sens de satisfaire les besoins élémentaires de la population.