La décrispation à la sauce Macky Sall

10 novembre 2019

SÉNÉGAL

L’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, a été libéré le 29 septembre dernier après avoir passé 936 jours derrière les barreaux. Il a été condamné à cinq ans de prison en 2017 pour « escroquerie sur les deniers publics » alors qu’il exerçait son mandat de maire de la capitale.

Ce n’est un secret pour personne, la principale raison de son incarcération est surtout le fait qu’il était devenu, après Karim Wade (lui aussi condamné puis gracié et renvoyé en exil forcé au Qatar), le principal obstacle éventuel à la réélection de Macky Sall en février 2019. Macky Sall avait réussi à faire le vide autour de lui pour avoir les coudées franches. Une fois réélu, il peut jouer à celui qui veut calmer le jeu et vouloir la réconciliation avec ses anciens amis.

Alors, s’il a gracié l’ancien maire de Dakar pour ce qui concerne la peine d’emprisonnement, il a maintenu la peine d’inéligibilité ainsi que l’amende de près de 2,8 millions d’euros de dommages et intérêts à devoir à l’État. Ce qui veut dire qu’il a encore des cartouches de réserve en cas de besoin à l’encontre de cet homme.

Bon prince, le président sénégalais a aussi donné des signes en faveur du retour de Karim Wade au Sénégal. Tout récemment, il a reçu l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade avec lequel il s’était brouillé depuis 2012.

Macky Sall parle d’autant plus de «décrispation » de la vie politique sénégalaise qu’il est lui-même empêtré dans de nombreuses affaires sulfureuses d’enrichissements illicites et de favoritisme en faveur de son frère qui est lui-même trempé dans de nombreuses affaires liées à l’extraction du gaz et du pétrole, de même que dans des histoires de contrats douteux dans le domaine de la pêche et autres.

Son idée, c’est peut-être de dire à ses adversaires : « On efface tout et on recommence à zéro. Mais faites attention, je peux encore frapper». On se croirait dans le petit monde de mafiosi. On n’en est pas loin.