Israéliens et Palestiniens, dans le piège sanglant créé par l’impérialisme
Samedi 7 octobre, le Hamas a déclenché une offensive de grande ampleur contre Israël. Après avoir tiré plusieurs milliers de roquettes depuis la bande de Gaza, des commandos ont réussi à s’infiltrer en Israël par voie terrestre, aérienne et maritime, cherchant à tuer aveuglément les hommes, femmes et enfants qu’ils rencontraient, faisant plus de 1 200 morts et 2 400 blessés. Plus d’une centaine de personnes seraient retenues comme otages à Gaza. Immédiatement, l’État israélien à lancé une grande offensive sur la ville de Gaza (plus de deux millions d’habitants) en bombardant aveuglément la population civile et faisant un blocus total sur la bande Gaza. À ce jour, le nombre provisoire de morts recensé à Gaza est de 2 215 morts dont 724 enfants. Les bombardements continuent.
Nous reproduisons ci-dessous l’éditorial du journal hebdomadaire Lutte Ouvrière daté du 13 octobre 2023.
Le Moyen-Orient est à l’image d’un monde soumis à la domination impérialiste de la bourgeoisie : un immense brasier. Après l’Irak et la Syrie, la guerre embrase de nouveau Israël et Gaza, menaçant toute la région d’une nouvelle conflagration.
Cette situation a été créée par les manœuvres des puissances impérialistes, au siècle dernier, où elles découpaient le monde en traçant les frontières garantissant leur hégémonie. Et le Moyen-Orient, riche en pétrole, était l’objet de toutes leurs convoitises.
C’est ainsi que les Palestiniens et les immigrants juifs se sont retrouvés au milieu d’un champ de bataille. Les premiers vivaient sous la domination britannique, déjà contestée par la puissance américaine. Quant aux seconds, ils arrivaient dans la région, fuyant les pogroms antisémites ou rescapés des camps d’extermination.
Il y avait de la place pour les deux peuples. Mais les prétendus protecteurs de la région n’ont rien fait pour favoriser cette coexistence. Ils ont, au contraire, joué un peuple contre l’autre, pour assurer leur influence.
En 1948, les États-Unis soutinrent la création d’Israël en tant qu’État juif. Les Palestiniens en furent chassés en masse, transformés en réfugiés à vie dans des camps surpeuplés ou en citoyens de seconde zone en Israël. Les Israéliens devinrent les gardiens de cette prison.
Les Palestiniens ont été spoliés de leurs terres, expulsés de leurs maisons et enfermés, notamment dans cette prison à ciel ouvert qu’est Gaza. Les deux millions de Gazaouis sont collectivement punis par un blocus qui leur impose des conditions de vie innommables, quand leurs immeubles ne sont pas bombardés par l’armée d’Israël. Cette politique a un nom : le terrorisme d’État.
Dans les deux camps, les politiques nationalistes ont contribué à porter au pouvoir les plus extrémistes. En Israël, Netanyahou gouverne désormais avec les ultranationalistes religieux et racistes. Son gouvernement a intensifié la colonisation de la Cisjordanie, aggravé les mesures d’apartheid et encouragé les milices d’extrême droite à terroriser les Palestiniens.
À cette terreur d’État, le Hamas a opposé une politique qui mène les Palestiniens dans l’impasse. Celle-ci ne témoigne pas seulement d’un mépris pour la vie des civils israéliens, mais aussi de la vie de son propre peuple, les Palestiniens de Gaza, de nouveau soumis à l’enfer des bombardements. Ceux-ci n’ont d’ailleurs pas le choix car le pouvoir du Hamas s’exerce comme une dictature.
Si le Hamas a soudé nombre de Palestiniens derrière lui, c’est qu’il est le seul à sembler offrir une issue à la révolte qui bouillonne dans la jeunesse palestinienne. Mais la politique du Hamas, comme celle de Netanyahou, ne fait que creuser un fossé de sang entre les deux peuples.
Ces soixante-quinze années de politiques nationalistes de part et d’autre, des plus modérées aux plus extrémistes, ont conduit à la situation terrifiante actuelle. Elles démontrent qu’un peuple qui en domine un autre ne peut vivre en sécurité, ni être un peuple libre.
Le drame, c’est que les pires nationalistes sont encouragés par le climat guerrier créé par la guerre en Ukraine et les discours belliqueux des dirigeants des grandes puissances. C’est vrai en Azerbaïdjan, au Haut-Karabakh, ou au Kosovo, où s’affrontent Albanais et Serbes.
Contre cette évolution catastrophique, affirmons que des peuples différents, parlant des langues différentes et ayant des coutumes ou des religions différentes, peuvent parfaitement vivre côte à côte. Ils l’ont souvent fait au cours des siècles passés.
Pour y réussir, il faut combattre les dirigeants actuels de la société, et d’abord la bourgeoisie impérialiste qui dresse les peuples les uns contre les autres. Diviser pour régner est la base de sa politique de domination. Ne marchons pas !
Ni les peuples ni les travailleurs n’ont d’intérêt à ces divisions. Ils partagent tous la même aspiration à vivre en paix. Il leur faut trouver un terrain d’entente. Et celui-ci existe dans le fait qu’ils partagent tous une vie de labeur, une vie d’exploitation. Nos dirigeants nous rassemblent dans l’exploitation, ne les laissons pas nous diviser !
Partout, il y a, comme ici, des travailleurs en butte à leurs gouvernants. Assimiler le peuple palestinien à la politique du Hamas, ou identifier les Israéliens à la politique de Netanyahou et des colons est aussi stupide que ranger les Français derrière Macron.
En Israël, des travailleurs palestiniens et israéliens travaillent souvent ensemble. Il faut qu’ils retrouvent la conscience de leurs intérêts communs. Seule cette fraternité de classe pourra créer l’élan susceptible de dépasser les haines accumulées au cours de décennies d’affrontements.