Gaza : un peuple massacré et affamé
(Nous reproduisons ci-dessous un article paru dans le journal hebdomadaire de nos camarades de Lutte Ouvrière du 8 mars 2024)
Jeudi 29 février, l’armée israélienne a ouvert le feu sur des Palestiniens qui se ruaient sur des camions d’aide humanitaire dans le nord de Gaza, faisant plus de 110 morts.
Depuis le début de l’offensive israélienne, la population de la bande de Gaza manque d’électricité, d’eau, de nourriture, de médicaments, et la famine s’aggrave. Une quinzaine d’enfants sont morts de malnutrition et de déshydratation en quelques jours. Le gouvernement israélien bloque plus de mille conteneurs d’aide humanitaire dans le port d’Ashdod. Il accuse l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, de complicité avec le Hamas, et multiplie les obstacles pour empêcher ses distributions d’aide alimentaire, qui auraient diminué de moitié en février.
Rien d’étonnant alors à ce que, à l’approche de ce convoi, des milliers de personnes aient cherché à s’emparer de ce qu’elles pouvaient. Les soldats israéliens ont réagi en tirant sur la foule affamée, et ont prétendu s’être sentis menacés. Ce massacre est aussi révélateur de l’état d’esprit de plus en plus répandu au sein des troupes israéliennes. Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des soldats se mettant en scène en train de commettre des exactions à l’égard de Palestiniens. Comme toutes les guerres coloniales, celle-ci transforme de nombreux soldats en tortionnaires, banalisant la violence et le mépris à l’égard des Palestiniens. C’est ainsi que cette guerre alimente la progression des idées d’extrême droite au sein de la population israélienne.
À l’inverse, après plus de cinq mois de guerre, une partie des Israéliens expriment leur hostilité à Netanyahou en manifestant quasiment chaque semaine pour réclamer le départ du Premier ministre et la tenue d’élections anticipées, les prochaines ne devant avoir lieu qu’en 2026. Une partie de ces manifestants n’hésitent plus à se déclarer ouvertement opposés à la guerre. Samedi 2 mars, plusieurs milliers de personnes ont à nouveau défilé à Tel Aviv, certains brandissant des pancartes où figurait le slogan : « Seule la paix pourra amener la sécurité. »
Une partie de l’opinion israélienne se sent peut-être encouragée à se déclarer en faveur de négociations du fait de l’évolution du discours des dirigeants des États-Unis. Dimanche 3 mars, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, a demandé un « cessez-le-feu immédiat pour au moins les six prochaines semaines, ce qui est actuellement sur la table des négociations ». Elle faisait ainsi allusion à la rencontre organisée le même jour en Égypte entre des représentants du Hamas, du Qatar et des États-Unis pour parvenir à une trêve. Celle-ci pourrait commencer le 10 mars, début du Ramadan, mais rien n’est moins sûr.
Les États-Unis font pression sur leur allié Israël pour qu’il accepte cette trêve, car ils souhaitent éviter que le conflit s’étende à toute la région. Mais ils ne veulent pas la lui imposer, et ils continuent à soutenir son effort de guerre en livrant armes et munitions. Ils laissent ainsi se perpétrer un massacre de masse dont ils sont en fait les complices et dont le terme ne cesse de s’éloigner.