Enseignants en grève

04 mars 2014

SÉNÉGAL

Depuis le 10 janvier dernier, l’enseignement public est secoué par un mouvement de grève des enseignants du « moyen secondaire ». Plusieurs grèves de 48 heures ou de 72 heures ont eu lieu pour obliger le gouvernement à écouter les revendications des enseignants : il s’agit du payement des primes d’examens non perçues depuis six mois alors qu’un accord avait été signé entre le ministre de tutelle et les organisations syndicales pour que les primes soient versées au plus tard le 30 novembre 2012; il s’agit aussi des retards récurrents dans le payement des salaires (certains n’ont pas encore touché leur salaire depuis plus de trois mois).

Mais jusqu’ici, le gouvernement a fait la sourde oreille sur leurs revendications. Du coup la colère des enseignants est montée d’un cran et ils ont décidé de durcir leur mouvement en menaçant de ne reprendre les cours qu’après le versement de leurs droits. Ils ne veulent plus des promesses non tenues. Leurs salaires trop bas par rapport au coût de la vie qui ne cesse de grimper ne leur permettent déjà pas de vivre décemment. Si à cela il faut encore subir des retards de payement, comment payer le loyer, l’électricité et l’eau, sans compter la nourriture pour la famille? Certains d’entre eux ont témoigné à la presse que la Sénélec leur a déjà coupé l’électricité faute d’avoir pu régler la facture à temps.

Le gouvernement essaye d’opposer les enseignants aux parents d’élèves et aux élèves en disant qu’il y a un risque que cette année soit blanche et donc préjudiciable aux parents et aux élèves. Mais les enseignants ne se laissent pas intimider et répondent à juste raison que si la scolarité des enfants est perturbée, c’est le gouvernement qui en porte la responsabilité en ne versant pas les salaires et les indemnités qui leur sont dus.

Le gouvernement a aussi tenté la manière forte en décidant d’affecter loin de Dakar deux leaders syndicalistes connus pour leur combativité. Mais au lieu d’affaiblir le mouvement, cela n’a fait que l’amplifier. Les élèves se sont solidarisés avec les enseignants.

Interrogé sur le malaise des enseignants, le président Macky Sall a déclaré à la presse qu’il n’était pas « au courant des difficultés » des enseignants. Tout le monde sait qu’il s’agit-là d’un gros mensonge. Les enseignants sont décidés à poursuivre leur lutte et sont encouragés par le soutien des élèves.