Élections législatives et batailles de crocodiles

15 août 2017

SÉNÉGAL

Abdoulaye Wade, l’ancien président du Sénégal, a quitté son pavillon cossu de Versailles où il réside depuis son échec de l’élection présidentielle de 2012 face à Macky Sall. Il a fait un retour en grande fanfare à Dakar à bord d’un jet privé. À l’âge de 91 ans, il a décidé de se présenter aux élections législatives du 30 juillet prochain à la tête d’une liste PDS alliée à quelques autres opposants attitrés. Au total il y aura environ 40 listes nationales qui vont s’affronter pour 165 postes de députés.

Ce qui intéresse Wade ce n’est pas spécialement le poste de député mais surtout l’opportunité que cette campagne électorale lui offre pour se présenter comme le seul opposant capable de rivaliser avec l’actuel président et en même temps d’unifier son parti, le PDS car celui-ci a éclaté en plusieurs morceaux après sa défaite cuisante de 2012. Certains dirigeants de son parti ont rejoint le camp de Macky Sall tandis que d’autres ont profité de l’emprisonnement de Karim Wade (le fils de Wade) suite à son procès pour enrichissement illicite, pour se présenter comme des leaders de l’opposition.

Karim Wade était le dauphin désigné par son père pour lui succéder à la présidence mais son destin a été brisé par Macky Sall. Après avoir purgé une peine de trois ans dans la prison de Rebeuss (dans un coin réservé aux VIP), il a été libéré en échange d’un exil doré au Qatar. Il s’y trouve toujours mais son père s’active pour obtenir son retour au Sénégal afin qu’il redevienne le chef de file du PDS et parvienne au pouvoir lors de la prochaine élection présidentielle. Mais ce parti est moribond à cause des luttes intestines qui le minent.

Abdoulaye Wade possède-t-il assez de forces au sein de l’opposition pour satisfaire ses propres ambitions au détriment de tout ce monde de crocodiles assoiffés de pouvoir ? En tout cas, il a déjà commencé à faire des tournées à Touba et à Tivaouane, fiefs respectifs de la confrérie des Mourides et des Tidjanes pour obtenir la bénédiction des grands imams. Mais il n’est pas le seul à vouloir le soutien de ces dignitaires réactionnaires et milliardaires. Macky Sall y a aussi ses appuis, de même que bien d’autres politiciens de haut rang.

Les travailleurs n’ont rien à attendre de ce cinéma électoral. Ils ne peuvent compter sur aucun des partis politiques présents dans cette campagne pour défendre leurs points de vue d’exploités. Quand bien même certains des politiciens en lisse dénoncent les détournements de fonds, la corruption et la gabegie qui règnent au sein du pouvoir, le mauvais état de l’enseignement public ou la dégradation des hôpitaux publics, ce ne sont que discours démagogiques pour attirer le vote des quartiers populaires. Pour les travailleurs, la seule manière de se faire vraiment entendre, c’est par la lutte collective, par des grèves et des manifestations de rue.