Éditorial

Élection présidentielle : aucun candidat ne représente les intérêts des travailleurs

11 février 2019

ÉDITORIAL

Le premier tour de l’élection présidentielle au Sénégal est prévu pour le 24 février. Il y aura au total cinq candidats en compétition, dont le président sortant Macky Sall. Selon les commentateurs, ce dernier a un boulevard devant lui, d’autant plus que les deux principaux rivaux qui auraient pu le déranger ont été mis hors course par le pouvoir. Il s’agit de Karim Wade, le fils de l’ancien président, qui était promu par son père à une carrière de futur président mais qui a été arrêté par Macky Sall en 2014 pour « détournement de fonds publics » et « enrichissement illicite ». Il a été gracié deux ans plus tard puis renvoyé en exil au Qatar. Sa candidature n’a pas été retenue par le Conseil constitutionnel de même que celle de l’ancien maire (PS) de Dakar, Khalifa Sall, lui aussi emprisonné suite à une accusation de détournement de deniers publics.

Les principaux partis d’opposition, le PDS et le PS ne seront pas représentés officiellement dans cette élection. La direction du PDS dit que puisque que la candidature de Karim Wade n’a pas été retenue, elle va boycotter cette élection. Quant au PS, ses dirigeants ont choisi de faire une alliance avec Macky Sall en échange de quelques strapontins ministériels ou d’autres avantages.

Les quatre concurrents de Macky Sall sont : Ousmane Sonko, Idrissa Seck, Madické Niang et Issa Sall. Certains ont derrière eux une longue carrière politique. C’est le cas d’Idrissa Seck, ancien ministre et Premier ministre de Wade. Il avait été un temps pressenti comme « dauphin » de Wade avant de tomber en disgrâce puis emprisonné par ce même Wade pour détournement de fonds publics. Il a ensuite fondé son propre parti, le Rewmi. C’est la troisième fois qu’il se porte candidat à l’élection présidentielle. Lors du dernier scrutin de 2012 il avait soutenu l’actuel président Macky Sall au deuxième tour.

Madické Niang, ancien avocat au barreau de Dakar, a aussi occupé plusieurs postes ministériels sous la présidence de Wade. Il ests toujours membre du PDS mais n’a pas été désigné par celui-ci comme son candidat officiel.

Issa Sall est le candidat du Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR). C’est un notable de la région de Fatick (ancien vice-président du conseil régional puis député depuis 2017). Il se vante d’avoir le soutien de certains imams de la confrérie des Tidjanes.

Ousmane Sonko est celui qui est présenté par certains observateurs de la vie politique sénégalaise comme « l’étoile montante ». Il est le candidat le plus jeune et est assez populaire, notamment dans le milieu universitaire. Ancien haut fonctionnaire de l’Inspection générale des impôts, il a été radié suite à ses écrits accusant l’actuel chef de l’État et son frère de malversations financières. Il se dit favorable à la sortie du Franc CFA et a un langage vaguement anti-impérialiste qui plait à une partie de l’intelligentsia dakaroise. Son parti, le PASTEF (les Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité) a été créé en 2014. Il est député depuis 2017.

Tout indique donc que Macky Sall va rempiler pour un nouveau septennat sans trop de difficulté. Les tractations en coulisses ont déjà commencé entre les uns et les autres pour la distribution des postes à la mangeoire. On se bouscule au portillon pour avoir la meilleure place.

Les intérêts des travailleurs et des classes populaires ne seront pas représentés dans cette élection. Aucun de ces cinq candidats ne mérite que les travailleurs aillent voter pour lui, même pas pour tout simplement dénoncer la corruption, la gabegie et les détournements des fonds publics.