Des victimes innocentes de la prétendue lutte contre le terrorisme
Mali
Au début de ce mois d’avril, des gendarmes maliens ont détroussé et abattu deux jeunes gens dans la
localité de Konna, située au centre du Mali. Ces victimes ont été ensuite présentées par les autorités
militaires comme des djihadistes tués au combat, mais des habitants de ce village qui les connaissent parfaitement contestent cette version. Ils ont mis sur pied un collectif pour que la vérité soit faite.
Selon le responsable de ce comité, les deux jeunes natifs de Konna revenaient du Nord après avoir
vendu du bétail. Ils sont descendus du car de transport pendant la nuit et ont été interceptés par la
gendarmerie en rentrant chez eux. Ils avaient avec eux une somme d’argent provenant de la vente du
bétail mais le lendemain, lorsque la gendarmerie a montré les corps criblés de balles, il n’y avait sur eux ni argent ni téléphones portables. Les parents et les membres du collectif de soutien soupçonnent un acte criminel et demandent des éclaircissements aux autorités. Une enquête officielle sera parait-il
ouverte mais on sait par avance qu’elle sera classée sans suite. Déjà, en temps ordinaire l’armée et la
gendarmerie sont intouchables, à plus forte raison lorsqu’elles se parent d’une couverture
« anti-terroriste ». Elles vont donc continuer à tuer et à racketter les petites gens en toute impunité !
Ce n’est pas la première fois que des innocents sont victimes de ce genre de « bavure » au Mali sous prétexte de lutte contre les djihadistes. Au courant du mois de janvier dernier, un journal a révélé la mort par balle d’un enfant de dix ans survenue quelques semaines plus tôt dans une localité près de
Tessalit, dans l’extrême nord du Mali. Ce sont des soldats français de l’opération Barkhane qui l’auraient tué ; ils l’ont enterré en cachette mais l’information a fuité dans les réseaux sociaux.
Embarrassé par cette révélation, le ministère français de la Défense a tenté de masquer le scandale en déclarant que c’était « un combattant mineur » qui agissait comme « guetteur, pour le compte d’un groupe armé terroriste». Ce gros mensonge n’ayant pas convaincu grand monde, l’armée française a fini par dire qu’une «enquête interne est toujours en cours ».
Au mois de mai 2016 ce sont des casques bleus tchadiens agissant au nord du Mali dans les forces de la Minusma qui ont abattu un jeune berger, lui aussi présenté comme un « djihadiste ». Des habitants
indignés par ce crime ont commencé à protester et demandé des explications aux responsables locaux des casques bleus. Ceux-ci ont promis de diligenter une enquête « indépendante ». Un an après, les proches de la victime attendent toujours.
Au mois de janvier 2015, ce sont des manifestants qui ont été réprimés violemment à Gao par les forces de la Minusma car ils protestaient contre le fait que ces casques bleus laissaient le champ libre aux groupes armés du MNLA (Mouvement de libération de l’Azawad). Il y a eu au moins trois morts et plusieurs blessés par balles.
Personne ne connaît le nombre de victimes innocentes de cette sale guerre. On ne peut compter ni sur les dirigeants de la Minusma, ni sur ceux des forces françaises, ni sur ceux de l’État malien pour
connaître la vérité sur leurs « bavures », leurs rackets et autres violences policières « ordinaires ».