Dans la révolte populaire, ce sont les intérêts des travailleurs et des masses pauvres qui doivent prévaloir
Martinique et guadeloupe
(Nous reproduisons ci-dessous, l’éditorial du journal Combat Ouvrier daté du 30 novembre 2021 et publié aux Antilles françaises pas l’organisation du même nom)
La révolte populaire en Guadeloupe et en Martinique a été déclenchée suite à la suspension d’environ 2000 travailleurs de la santé et assimilés, de pompiers, parce qu’ils ne veulent pas se faire vacciner. Elle est partie suite au mot d’ordre de grève générale des syndicats et de certaines organisations politiques du mouvement ouvrier. Du coup, la lutte dépasse maintenant la revendication de l’obligation vaccinale et du passe sanitaire. Cette revendication demeure mais la révolte actuelle exprime la colère des travailleurs, de la population, de la jeunesse les plus pauvres. Il s’agit d’une explosion sociale des pauvres !
Comment vivre avec le chômage de masse, les aides sociales qui sont une aumône, avec une retraite de 500 euros, avec des salaires au mieux, pour la majorité, de 1 200 euros ? Avec l’empoisonnement aux pesticides, avec une hausse des prix énorme, ceux de l’essence, de l’alimentation, du gaz domestique, avec le manque d’eau courante et saine ?
Il y a des gens qui n’ont rien et d’autres qui ont tout dans ces deux îles. Ceux qui ont tout, c’est la classe bourgeoise, ce sont les gros propriétaires aux villas cossues avec leurs gros bateaux de plaisance et leurs voitures à plus de 50 000 euros, ceux qui vont acheter avec caddy plein dans les épiceries fines très chères. Pas loin, des « épiceries solidaires » se remplissent toujours plus de pauvres. La classe des gros possédants vit richement de l’exploitation des travailleurs et du peuple pauvre. Un certain nombre d’entre eux tirent leur fortune originelle de l’exploitation esclavagiste.
Alors, s’il y a aujourd’hui des groupes de jeunes qui tirent à balles réelles sur les gendarmes, il n’y a pas de quoi s’en étonner ! Ces jeunes sont les damnés de la terre. Ils estiment ne plus rien avoir à perdre, même pas leur vie ! Une vie sans rien, sans espoir, vide !
Le gouvernement, par la voix du ministre des Outre-mer, déclare qu’il est prêt à discuter d’autonomie. Depuis quelques jours, c’est cette petite musique que commencent à nous chanter certains notables et nationalistes extérieurs à la révolte populaire actuelle. Voilà une de leurs réponses à l’explosion de colère actuelle. C’est une réponse à la classe politique, aux notables, pas aux masses pauvres en lutte. Alors, autonomie ou autre évolution statutaire, plus de pouvoir local, mais quel pouvoir local ? Celui des notables ? De la bourgeoisie ou petite bourgeoisie antillaise ? Dans ce cas ce sera aussi le pouvoir de tous ces politiciens locaux qui rêvent de « plus de pouvoir local », de commander les travailleurs et les masses pauvres ! Avec eux au dessus ! Eux les chefs ! Eux qui constituent en permanence le personnel politique de la bourgeoisie et des gros possédants.
La meilleure façon que ce ne soient pas les notables qui profitent de la révolte des pauvres pour eux-mêmes, eh bien c’est que les travailleurs, les jeunes pauvres, la population laborieuse parviennent à transformer la force de combat qu’ils constituent aujourd’hui sur le terrain, en force politique indépendante. C’est possible aujourd’hui si la volonté politique existe. Ce sont eux les acteurs de la révolte. Ce sont eux qui doivent en être les premiers bénéficiaires. Ils ont donc intérêt, sans attendre, à poursuivre la lutte jusqu’à satisfaction des revendications. Ainsi, ils pourront mieux compter et faire en sorte que rien ne se décide sans eux. Ce sont eux qui se battent, ce sont eux qui tiennent les barrages et qui sont en grève. Ce sont eux qui doivent décider de leur propre sort.