Côte d’Ivoire – L’État complice des empoisonneurs et des exploiteurs !
Des habitants du village d’Ajahui Coubé, dans la commune de Port-Bouët, ont ramassé des poissons morts sur la lagune pour les consommer. Ici, les autorités sont venues leur expliquer que c’est «dangereux».
À la suite de la mort massive de poissons dans la lagune Ébrié au mois de mars, le directeur du CIAPOL (Centre Ivoirien Antipollution) a accordé une interview pour donner les suites des analyses effectuées sur ces poissons.
Il a expliqué, sans langue de bois, que ces poissons sont absolument impropres à la consommation car ils ont accumulé un taux de mercure et autres polluants qui peuvent être mortels pour celui qui les consomme ou qui peuvent causer des maladies graves comme le cancer.
Cette pollution, explique-t-il, a deux principales origines. D’une part, il y a les eaux usées des ménages qui se déversent directement dans la lagune du fait que de nombreux immeubles d’habitation sont directement connectés sur les canalisations des eaux pluviales qui rejoignent la lagune. D’autre part, il y a les eaux usées d’origine industrielle qui sont déversées en toute illégalité dans la même lagune. C’est toute cette pollution qui empoisonne les poissons et les personnes qui les consomment.
Ce monsieur a aussi montré toute son impuissance face à cette situation qui demanderait des mesures énergiques. Le rôle du CIAPOL qu’il dirige est justement de surveiller la pollution industrielle régie par une règlementation. Mais il avoue qu’il n’a pas « les moyens de sévir », ni contre les branchements illégaux provenant des immeubles d’habitation, ni contre les industriels qui en font autant. Pourtant, il explique qu’avant toute implantation d’une usine, il y a normalement une étude d’impact environnemental et social au préalable. Ensuite, il est demandé à ces industriels de réaliser des ouvrages d’assainissement pour réduire la toxicité de leurs eaux usées. Mais, « est-ce qu’ils le font vraiment ? » se demande le directeur. À cette question, il répond : « je n’en ai aucune idée » alors qu’il est en principe le mieux placé pour le savoir ! C’est à se demander s’il sert à quelque chose dans la protection de la lagune.
En fait, il en va exactement de même pour la protection des travailleurs en ce qui concerne les accidents du travail. Il existe des textes de lois prétendument destinés à « protéger » les travailleurs. Mais dans les faits, ils ne servent pas à grand-chose puisque les patrons font ce qu’ils veulent, l’État ferme les yeux sur leurs infractions et en cas d’accidents, ils s’en sortent toujours à bon compte.
Les droits des travailleurs ont toujours été bafoués dans ce pays et si les travailleurs n’opposaient pas une lutte quotidienne pour défendre leur dignité, ils seraient réduits à l’état de simples esclaves.
L’État montre en fait sa vraie fonction, celle d’être un instrument qui permet à la bourgeoisie de s’enrichir au détriment des travailleurs et des classes populaires.