Côte d’ivoire : dégradation continue du niveau de vie des travailleurs
Depuis le mois de janvier de cette année, le salaire minimum légal a été fixé à 75.000 F par l’État. A cela a été ajoutée une prime de transport de 30.000 F. Bien que dérisoire, beaucoup d’employeurs notamment dans les petites entreprises, ne respectent pas ce minimum.
Dans les zones industrielles d’Abidjan et sur les chantiers, le revenu mensuel moyen des ouvriers varie en moyenne entre 90.000 F et 150.000 F net mais avec cette somme il est impossible de faire face aux dépenses du mois. Surtout que depuis longtemps tous les prix flambent.
À Abidjan, le loyer d’un logement de 2 pièces se négocie entre 30.000 et 60.000 F dans les quartiers ouvriers en fonction de l’emplacement. Pour le transport, les ménages à Abidjan consacrent en moyenne 20 à 30% de leurs revenus. À cela s’ajoutent les dépenses de nourriture qui ne cessent de prendre des proportions avec l’envolée continuelle des prix des denrées de premières nécessités ces dernières années.
Pour faire face à cette situation, les travailleurs se débrouillent comme ils peuvent. Par exemple, on se loge dans des quartiers de plus en plus en périphérie pour économiser sur le loyer, on fait totalement ou en partie à pieds le trajet pour se rendre au boulot et économiser ainsi sur le prix du transport. Quand le boulot est trop éloigné du lieu d’habitation, on se met à plusieurs pour sous-louer des baraques dans les environs de l’entreprise. Ou bien on s’arrange pour squatter des recoins au sein de l’entreprise et on ne rentre chez soi que le weekend.
Ces choses qui n’avaient cours que chez les journaliers et les saisonniers, prennent de plus en plus d’ampleur chez les ouvriers dit embauchés. C’est le cas, par exemple, à Filtisac, entreprise située entre Abobo et Adjamé, qui est considérée comme l’une des plus importantes du pays.
Beaucoup de travailleurs prennent un deuxième boulot. Certains se transforment en tenancier d’échoppe, d’autres en chauffeur de taxi ou de tricycle, veilleur de nuit, etc. À l’exemple de ce vigile devant une entreprise de Yopougon payé autour de 90.000 F et qui pendant son service, fait aussi du «djossage de Nama», en aidant les automobilistes à bien manœuvrer pour se garer ou pour sortir du stationnement. Cela lui rapporte entre 1000 F et 1500 F par jour, soit la moitié de son salaire journalier de vigile.
Malgré ça, le salaire ne suffit même pas pour faire face aux charges mensuelles fixes de la famille. Alors, quand les maladies, les accidents, les décès ou même la scolarité des enfants s’y ajoutent, on ne sait plus où donner de la tête. Beaucoup ont alors recours à l’endettement.
Pourtant, les travailleurs payés, même au SMIG, font quelque fois figure de privilégiés, sachant que la grande majorité de la population ivoirienne travaille dans le secteur informel où le revenu est irrégulier et incertain.
Les autorités et les riches chantent que la vie est rose dans ce pays. Pour eux, assurément, mais pas pour les travailleurs dont le quotidien est fait de privations et de sacrifices.