Ceux qui font les frais de la crise et ceux qui en profitent

02 octobre 2020

Madagascar

Au nom de la lutte contre le covid 19, le préfet de la capitale Antananarivo, Ravelonarivo, oblige les gens à porter le masque. Le non respect de cette obligation les expose à des sanctions sous forme d’amendes ou de travaux d’intérêt général.

Ceux qui ont les moyens peuvent s’en sortir en s’acquittant de l’amende, mais les travailleurs et la population pauvre qui constituent l’écrasante majorité, ont rarement les moyens d’échapper aux travaux d’intérêt général. Cela consiste entre autres à curer les canalisations des égouts de cette ville tentaculaire, à pénétrer dans ces sortes de cloaques à ciel ouvert que sont devenus les canaux et les lacs. Ces endroits et leurs abords infects sont remplis de toutes sortes de cadavres d’animaux et de microbes. Les rats y pullulent et les autorités n’ignorent pas que ces animaux sont porteurs de puces, elles-mêmes porteuses du virus de la peste dite bubonique qui, périodiquement, fait son apparition et cause des ravages à Madagascar. Les moustiques aussi pullulent dans ces lieux humides et transmettent le paludisme.

La situation des gens de la zone appelée « quartier bas » est catastrophique. La plupart d’entre eux survivent dans des maisons ou des bouts de maisons ravagés par les vents violents ou les cyclones. Pendant la saison des pluies ces endroits deviennent marécageux. Ce sont ces endroits que la bourgeoisie avec la complicité des pouvoirs publics, réserve aux travailleurs et aux classes pauvres.

Faillite des entreprises et explosion du chômage

De nombreuses entreprises situées dans les zones franches ont déposé le bilan. Les petits patrons y ont perdu plus que les gros qui eux, ont accumulé d’énormes réserves sur le dos de leurs salariés.

Comme toujours, les principales victimes des conséquences de cette crise, de ces faillites, ce sont les travailleurs. Les patrons leur imposent des conditions de travail infernales qui continuent à se dégrader. Le président, son gouvernement ainsi que les chefs religieux de toutes obédiences, pèsent de tout leur poids pour faire croire aux classes pauvres qu’elles doivent se sacrifier pour « sauver l’économie du pays ». Cela est une duperie qui fait le jeu des capitalistes. Les travailleurs sont victimes de ce système malade, périmé et nuisible à toute l’humanité.

Aux travailleurs des secteurs industriels jetés à la porte de leur entreprise, s’ajoutent des milliers d’autres travailleurs saisonniers. Cette situation catastrophique touche également d’autres catégories populaires comme les artisans qui fabriquent les objets d’arts, les commerçants qui les vendent aux touristes, les guides touristiques, les chauffeurs de taxis-ville, des taxis-brousse et autres minicars … De nombreuses petites gens tels que les charretiers, les petits livreurs, subissent aussi les conséquences de la crise et se trouvent privés de leur moyens de subsistance. C’est pourtant aussi grâce à toutes ces catégories sociales que la société réussit à tourner.

Un exploiteur qui soigne son image de marque

Hassanein Hiridjee est un richissime homme d’affaires malgache qui est propriétaire de la zone industrielle Filatex à Antananarivo, il est aussi PDG et actionnaire du groupe international AXIAN présent en Afrique. Dans la capitale malgache, sa « fondation H » est présente sous forme de galerie d’art et de salles de spectacles dans lesquelles se produisent des artistes. Cela semble avoir du succès, puisqu’il vient récemment d’en ouvrir une en France, cette fois dans un quartier huppé de Paris.

Les donations, les bonnes œuvres et le mécénat sous diverses formes font partie de l’image que certains d’entre eux veulent se donner. Les travailleurs ne doivent cependant pas oublier que ces gens-là sont avant tout des exploiteurs.

Un corrompu en cavale

Rabekoto, un ancien directeur général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) et aussi président en exercice de la Fédération Malgache de Football (FMF) est sous le coup d’un mandat d’arrêt. Il a réussi à s’enfuir à l’étranger grâce sans doute à des complicités en haut-lieu malgré « la tolérance zéro » prônée par le président malgache en matière de lutte contre la corruption et les détournements de fonds.

En toute impunité, ce fugitif donne des vidéoconférences consacrées au football à partir d’on ne sait où. Il fait ainsi une sorte de pied de nez à l’autorité centrale malgache. Si ce dont il est accusé est avéré, ce sont des milliards d’Ariary qu’il aura réussi à détourner. Des corrompus de son espèce sont nombreux dans les hautes sphères de l’administration.

Un marchand d’illusions au sommet de l’État

Andry Rajoelina, le président malgache, aime bien se montrer devant les caméras en trains de rendre visite à des gens pauvres, leur apportant de ses propres mains de quoi survivre en cette période de pandémie de corona virus qui touche cruellement les populations les plus vulnérables. Il continue de faire croire qu’il réussira à vaincre cette pandémie avant la fin de l’année 2020.

Il y a quelques mois il avait vanté l’efficacité d’une décoction contenant de l’artemisia pour prévenir et guérir du covid 19. C’était, selon lui le « remède africain ». Il proposait de fournir son breuvage à tous les pays du continent qui seraient intéressés. Idriss Deby, le président du Tchad avait même envoyé un avion pour récupérer les bouteilles de ce breuvage, le Covid-Organics (CVO) offert par son compère malgache. Depuis le mois de juillet les statistiques montrent une forte progression du covid-19 à Madagascar. C’était dit-on aujourd’hui « un optimisme de tradipraticien ».

Maintenant le président affirme qu’un essai clinique d’un traitement injectable à base de cette même plante associée à de la vitamine C, s’est révélé concluant pour soigner les personnes qui seraient contaminées par ce virus. Il veut à nouveau faire croire au miracle. Ça frise le charlatanisme !