Cacao : prix d’achat aux paysans réduit de 25%
CÔTE D’IVOIRE
Pour la campagne dite intermédiaire qui a débuté le 1er avril, le prix bord champ de la fève de cacao a été fixé à 750 francs le kilo (1,14 euro), soit une baisse de 250 francs (0,38 euro) par rapport à la campagne principale 2020/21 qui vient de s’achever. C’est un prix de misère quand on sait que dans le prix de vente d’une tablette de chocolat, seulement 6% revient au paysan qui a produit le cacao.
En Côte d’Ivoire, la filière cacao fait vivre 5 à 6 millions de personnes, soit un cinquième de la population, selon la Banque mondiale. Avec le prix actuel du cacao, plus de la moitié de cette population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Il n’y a pas longtemps, le Ghana et la Côte d’Ivoire ont fait campagne auprès des industriels du chocolat pour imposer une taxe de 200.000 Francs (305 euros) sur chaque tonne de cacao. Cette taxe était censée garantir un revenu décent aux cacaoculteurs et permettre de lutter contre l’utilisation de la main d’œuvre infantile dans cette filière.
Pour justifier cette baisse, les autorités ont dit qu’il y a une surproduction à laquelle se serait ajouté l’effet du Covid-19 qui aurait impacté la demande internationale. La vérité c’est que les grandes firmes importatrices du cacao ont boycotté la filière officielle et trouvé les moyens de contourner la taxe qui leur était imposée. Ils ont aussi puisé la matière première dans leurs propres stocks. Du coup le cacao ivoirien invendu s’est accumulé dans les deux ports d’exportation du pays. Au bout du compte, l’État ivoirien a été contraint de baisser le prix pour trouver acheteurs avant que son cacao ne pourrisse dans les magasins de stockage. Ce sont les petits cultivateurs qui ont payé les frais de cette petite bataille entre les trusts de l’agro business et les deux principaux États producteurs de cacao que sont la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Ces grands capitalistes importateurs de cacao ont ainsi montré qu’aucun pays producteur ne peut leur imposer des conditions d’achat. Les dirigeants ivoiriens et ghanéens, même ensemble, ont aussi fait la preuve qu’ils ne pèsent pas grand-chose à côté de ces capitalistes dont la puissance dépasse celle de bien des États des pays pauvres. Et à défaut de faire plier ces géants, Ouattara et son compère ghanéen vont pressurer encore plus les petits agriculteurs locaux pour continuer à remplir les caisses de l’État et vivre comme des parasites sur le dos des producteurs.