Big pharma : charité bien ordonnée…
(Article paru dans l’hebdomadaire Lutte Ouvrière du 22 juillet publié en France)
Début juillet, Sanofi a annoncé le lancement de sa marque Impact, regroupant 30 médicaments vendus «à but non lucratif», dans les 40 pays les plus pauvres du monde.
Cette annonce suit celle du groupe Pfizer qui, en mai, parlait de vendre à prix coûtant ses médicaments dans les 45 pays les plus pauvres du monde. Pour Sanofi, il s’agit entre autres de médicaments contre la malaria, la tuberculose, d’insuline et de médicaments contre les troubles cardio-vasculaires. Dans ces pays où une majorité de la population vit avec moins de 1,90 euro par jour, les classes populaires achètent fréquemment leurs médicaments dans la rue, à la pièce. Ce sont souvent des contrefaçons, parfois mortelles. Mais pour les groupes pharmaceutiques, cela représente surtout une partie du marché, certes la plus pauvre, mais aussi la plus nombreuse, qui leur échappe. Pour Pfizer, comme pour Sanofi, ces accords aux airs humanitaires sont un moyen de répondre au problème en s’assurant des collaborations plus étroites avec les États et des liens avec les réseaux d’accès aux soins et de distribution. Cette annonce est d’autant plus choquante qu’en parallèle Sanofi a cessé de produire un vaccin contre la rougeole, maladie qui fait des ravages dans les pays pauvres. En 2021, Sanofi a réalisé plus de treize milliards d’euros de chiffre d’affaires, hors Europe et États-Unis. Même si l’Afrique pèse peu, pour les grands laboratoires étendre leur réseau est toujours bon à prendre, et le vernis humanitaire constitue un petit plus. Quant à la survie des populations les plus pauvres, ce n’est pas le «cœur de métier» de ces requins de laboratoires.