Après le limogeage des parlementaires, la crise politique s’aggrave
Madagascar
Andry Rajoelina, l’actuel chef de l’Etat? vient de limoger 23 parlementaires de sa propre mouvance politique. Ces personnes avaient à ses yeux le tort de soutenir d’autres candidatures que la sienne pour l’élection présidentielle du 24 juillet prochain. Lui-même n’était pas candidat à cette élection, mais il a changé d’avis après que Lalao Ravalomanana, l’épouse de son prédécesseur déchu, ainsi que Didier Ratsiraka un ancien dictateur nostalgique du poste, se sont déclarés candidats.
Entre temps, Rajoelina a repoussé la date de l’élection aux calendes grecques et garde le pouvoir, au grand dam de ses adversaires qui voudraient l’en déloger pour occuper le poste.
C’est ainsi que la situation de crise politique ouverte depuis le renversement de son prédécesseur il y a 4 ans et demi, connaît aujourd’hui un nouveau rebondissement avec la prolongation du régime dit de transition dont beaucoup ne veulent plus dans le pays.
Il y a d’abord le patronat. La dirigeante du GEM (Groupement des Entreprises Malgaches), principale organisation patronale, a appelé ses membres à faire la grève du versement de la TVA à l’Etat. La moitié des membres de ce groupement applique la consigne. Voici les raisons que la présidente évoque : « On a la faiblesse de croire qu’il y a des responsables qui vont réagir, que bientôt, on va savoir quand on aura des élections. Il y a déjà beaucoup d’investissements qui ont été suspendus parce qu’on a vu que les élections étaient remises en cause et on ne peut pas continuer comme cela pendant un mois. Ce n’est pas possible ».
Et il n’y a pas que le patronat qui est mécontent. 21 des 41 candidats qui ont déposé leur candidature se sont coalisés pour s’insurger contre ce qu’ils qualifient de hold-up du pouvoir et comme une impasse politique. Ils appellent le Premier ministre à prendre la tête de l’Etat et déclarent avoir entamé des discussions avec les hauts gradés militaires en vue de destituer l’actuel dirigeant.
La contestation du régime dépasse les frontières du pays. La SADC qui regroupe un certain nombre d’Etats africains appelés à arbitrer le conflit malgache et à trouver une solution à la crise, menace de mettre fin à sa médiation.
De leur côté, les grandes puissances exigent le retrait des trois candidats à la présidentielle en suspendant les visas d’entrée dans l’espace Schengen du couple Rajoelina et s’apprêtent à prendre des mesures similaires à l’encontre de Ravalomanana et de Ratsiraka.
Dans une note sur le pays, la Banque mondiale s’inquiète de la perspective du prolongement du régime de transition. La baisse des investissements imputée à l’instabilité du régime actuel aura comme conséquence selon un responsable de cette institution, une augmentation de la pauvreté avec un risque de crise alimentaire grave.
L’auteur de ce point de vue oublie simplement de dire que la décision de la Banque mondiale de fermer le robinet des crédits est pour beaucoup dans les difficultés économiques que connaît le pays.
Dans tous les cas ce ne sont pas les élections qui résoudront les problèmes. Même si elles avaient lieu, les classes pauvres n’obtiendraient rien sans faire valoir leur point de vue et engager des luttes.