Alors que le coronavirus continue de se propager, le gouvernement lui facilite la tâche
CÔTE D’IVOIRE
Le 14 mai, le gouvernement a levé certaines des mesures qui avaient été prises il y a moins de deux mois pour freiner la propagation du Covid 19.
Jusqu’au 14 juin 2020, voici ce qui a été arrêté : maintien de la fermeture des frontières aériennes, maritimes et terrestres, maintien de la fermeture des bars, boîtes de nuit, cinémas et lieux de spectacles, autorisation des rassemblements jusqu’à un maximum de 200 personnes au lieu de 50 auparavant, maintien de l’isolement du Grand Abidjan, réouverture des établissements d’enseignement préscolaire, primaire, secondaire et supérieur à compter du lundi 25 mai 2020 ; réouverture des maquis et restaurants ; port obligatoire du cache nez dans les lieux publics. Le couvre-feu a été levé.
Le 24 mars, quand l’état d’urgence a été décrété, officiellement le pays comptait moins de 250 cas de Covid 19. Aujourd’hui, il y en a 10 fois plus et c’est le moment que le gouvernement a choisi pour alléger les mesures de protection. Chaque jour, selon le bilan officiel, des dizaines de nouveaux cas sont détectés. Ce bilan, tout comme le nombre de morts sont bien en deçà de la réalité à cause des faibles moyens mis en place pour le dépistage des malades. Sans compter que peu de gens se rendent habituellement dans un centre de santé pour une grippe, un rhume ou un palu (des maux auxquels les symptômes du corona virus s’apparentent).
Avec la levée des restrictions et la reprise des classes, ce sont des centaines de milliers de personnes qui vont se mettre en mouvement pour rejoindre leurs établissements. Et comme bon nombre partiront d’Abidjan, épicentre de l’épidémie, le risque de contagion dans les autres villes deviendra plus grand. Déjà, des personnes ayant rejoint leur poste à l’intérieur du pays ont été renvoyées à Abidjan car testées positives après l’apparition de symptômes.
Pour les populations, la levée de certaines des restrictions sonne plutôt comme la fin de la pandémie. Les mesures barrières seront de moins en moins appliquées d’autant plus qu’elles sont difficilement conciliables avec les tâches de la vie quotidienne pour de nombreux travailleurs et employés.
Dans les usines et les chantiers, il n’a jamais été question de réduire le personnel à un effectif de 50 et imposer une distance de 1m entre deux ouvriers. Tout au plus, il y a eu l’instauration du lavage des mains à l’entrée de l’usine ou du chantier avec parfois du savon liquide de plus en plus dilué au fil des jours. De plus, là où il est conseillé de changer de masque toutes les 4 heures, les usines ont rarement distribué plus de deux masques lavables depuis le début de l’épidémie.
Le risque de contamination est beaucoup plus élevé aujourd’hui qu’au moment où l’état d’urgence avait été décrété. Il n’y a pas encore de remède curatif ou de vaccin sur le marché. Alors pourquoi lever les mesures censées freiner la propagation du virus si ce n’est pour des raisons politiques et surtout économiques ? Parce que dans ce monde capitaliste, la vie et la santé des travailleurs et de leurs familles passent après les profits des capitalistes.