Zénith yopougon : victoire des travailleurs après 4 jours de grève
Zénith est une usine de fabrication des produits en plastique comme les sandalettes, les sachets et gobelets. Elle est située dans la zone industrielle de Yopougon. Le lundi 07 avril, toute l’usine était arrêtée suite à une grève spontanée des travailleurs.
Voici le récit d’un des travailleurs :
« C’est depuis plusieurs années que nous travaillons dans cette usine, dans des conditions très difficiles. Quand nous travaillons dans la journée, c’est 10 à 12 heures de travail avec seulement 30 minutes de pause. Ceux de la nuit font 12 heures sans interruption. Nous n’avons aucune protection alors que nous travaillons avec des produits chimiques hautement toxiques. Les heures supplémentaires imposées ne sont jamais payées. Le salaire d’un travailleur n’atteint même pas l’ancien Smig qui était de 36.000 F par mois. Nous sommes payés à 2500 F par jour, toutes indemnités comprises. Quant aux journaliers que les patrons recrutent chaque jour ou chaque début de semaine, ils ne sont pas considérés comme des travailleurs. A ceux-là, ils versent des salaires dérisoires de 1500 F par jour. A côté de nous qui travaillons directement avec Zénith, il y a des travailleurs de la sous-traitance qui sont payés 45.000 F par mois.
Depuis l’annonce du changement de Smig, la grogne se faisait entendre parmi nous. Mais toutes tentatives de négociation avec la direction ont toujours échoué. Elle a fait comme si de rien n’était. Nous avons continué à travailler 12 heures par jour avec ce salaire de misère. Mais ce lundi 07 avril, comme un volcan qui ne peut plus contenir ses laves, nous avons tout arrêté et occupé l’usine. La direction, au lieu de nous recevoir, a commencé par faire de la diversion en essayant de nous diviser. Comme ce jeu n’a pas marché, le lendemain mardi 08, elle a fait appel aux forces de l’ordre. Mais nous avons gardé les usines fermées, l’entrée interdite à tous. Les travailleurs de la sous-traitance étaient aussi dans la danse. Donc personne ne pouvait faire fonctionner quoique ce soit. La direction pensant qu’elle pouvait nous avoir à l’usure, a attendu jusqu’à jeudi et s’est rendue compte que nous étions déterminés à aller plus loin.
Et c’est ce jeudi 10 avril que les négociations ont commencé. A l’ordre du jour il y avait deux points essentiels, à savoir : 8 heures de travail et l’application du nouveau Smig, 60.000 F plus l’indemnité de transport qui est de 25.000 F etc. La direction acculée, a accepté les deux points. Quant aux travailleurs de la sous-traitance, ils ont obtenu une augmentation de 5.000 F sur le salaire. Ils passent ainsi de 45.000 à 50.000 F.
Les travaux ont repris le vendredi 11 avril dans une ambiance fraternelle parce que nous avons appris qu’ensemble nous avons pu faire déplacer ce qui était comme une montagne. C’est ce sentiment de satisfaction qui anime tout le monde aujourd’hui et l’idée aussi de continuer à nous organiser pour pouvoir demander encore plus ».
Car il reste encore des problèmes comme l’unification des salaires, la déclaration à la CNPS ou un contrat d’embauche, les conditions de sécurité et d’hygiène, les cadences infernales et leur faire avaler leur mépris à notre égard. Affaire à suivre.