Un monde d’exploitation et de misère auquel les travailleurs devront mettre fin
Éditorial
En l’espace de quelques années, l’Afrique est devenue, pour l’industrie du luxe « le nouvel eldorado ». L’évolution actuelle de ce secteur en Afrique sub-saharienne est comparée à celle de la Chine de la fin des années 1980. Dans la plupart des capitales africaines, les enseignes de luxe se multiplient et rivalisent de publicité tapageuse pour attirer une clientèle certes pas nombreuse mais assez fortunée pour faire marcher ce commerce de luxe.
Et en cette période de fête de fin d’année on assiste à une véritable ruée vers les magasins de luxe. La classe des riches a de moins en moins besoin d’aller à Paris, à Londres ou dans d’autres capitales européennes pour faire ses emplettes car le commerce de luxe est venu s’installer sur place.
Derrière l’Afrique du Sud, le Botswana, le Nigéria et l’Angola figurent parmi les premiers de la liste en matière de consommation de produits de luxe grâce à l’enrichissement d’une minorité de parasites locaux autour de la production de diamant et du pétrole. Mais d’autres capitales économiques telles que Abidjan, Douala, Kinshasa, Brazzaville, Antananarivo, Malabo, Porto-Novo, etc., ne sont pas en reste.
D’après le magazine américain Forbes, sur les plus de 1800 milliardaires (en dollars) recensés dans le monde en 2015, 29 seraient africains. Le nombre de très riches en Afrique est en progression. Rien qu’en Afrique francophone subsaharienne, 24 personnes sont créditées de plus de 200 millions de dollars. Et Madagascar, « pays le plus pauvre du monde » selon un récent rapport de la Banque mondiale, détient quatre familles parmi ces grosses fortunes.
Mais en même temps qu’on assiste à une accumulation de fortune entre les mains d’une petite minorité, une partie de plus en plus importante de la population africaine sombre dans une misère grandissante. Selon les chiffres publiés par les organismes liés à l’ONU ou à la Banque mondiale, près d’un milliard d’individus sur cette terre vivent avec moins de 1,90 dollar par jour (c’est le seuil qu’ils fixent arbitrairement pour qualifier cette population comme étant en situation « d’extrême pauvreté »). Dans les pays de l’Afrique subsaharienne le nombre de personnes vivant en dessous de ce seuil est passé de 288 millions en 1990 à 389 millions en 2012. Trois ans après cette situation n’a pas cessé de s’aggraver.
Les guerres, les conflits interethniques, la sècheresse, la dévastation des forêts et la dégradation des sols ne sont pas les seuls responsables de la montée de cette misère et de l’insécurité alimentaire. Le premier responsable c’est le système capitaliste sinon comment expliquer que même ceux qui ont du travail salarié plus ou moins régulier, sombrent à vue d’œil dans une misère de plus en plus grande ? C’est à cause de l’exploitation féroce qu’ils subissent dans les entreprises, dans les chantiers, dans l’agro-industrie que les travailleurs, c’est-à-dire ceux-là mêmes qui produisent les richesses, se trouvent dans l’incapacité de nourrir correctement leurs familles, de loger, soigner et éduquer leurs enfants.
C’est la même situation que vivent les petits paysans qui triment du matin au soir pour cultiver leurs petits lopins de terre et qui ne tirent presque rien de leur production agricole de rente comme l’arachide, le coton, le café, l’hévéa ou le cacao car ils dépendent des fluctuations de prix de ces produits de spéculation mondiale. Sans compter que même lorsque les prix sont quelques fois en hausse sur le marché mondial, ceux qui en profitent le plus ce sont les intermédiaires et les margoulins qui collectent ces produits auprès des petits paysans.
La seule manière d’enrayer cette misère c’est de mettre fin à ce système capitaliste. Les travailleurs, s’ils prennent conscience du rôle qu’ils ont à jouer et s’ils sont organisés, peuvent mettre fin à l’exploitation capitaliste et organiser l’économie autrement que dans le seul but de faire le maximum de profits en faveur d’une minorité de parasites et d’exploiteurs.